lundi 10 juin 2013

En France aussi, le retour des bruits de bottes


 Sommes-nous à la veille d'un nouveau putsch militaire ?

Ce n'est pas une certitude mais il a bien des rumeurs sur des éventuels dérapages d'officiers royalistes qui rêvent de renversement de la République par la Troupe.

Des rumeurs relayée par le blog Secret Défense de Jean Dominique Merchet, ce dernier faisant autorité dans le domaine des questions de défense.

Les généraux putschistes d'Alger

Dans son article intitulé "Cette extrême-droite qui fantasme sur un coup d’Etat militaire", il dit clairement qu' « Un groupe royaliste qui se revendique du Printemps français appelle à un «coup de force» de la part d’officiers catholiques ».

Ce groupe baptisé Lys Noir a publié dans sa revue, "La Revue de l'Arsenal" un appel en direction des officiers catholiques-traditionnalistes afin de renverser François Hollande et le gouvernement.

A l'origine de cette fronde né dans la nébuleuse du Printemps Français, les manifestations pour tous et surtout la mise en cause lors de ces manifestations d'un certain nombre d'officiers (voir Lettre ouverte au Président de la République après la rafle des Champs-Élysées du 25 mai 2013) ou de leurs enfants plus habitués au grandes messes catholiques qu'à faire le coup de poing avec les CRS dans les rues de la capitale.

Leurs  propos sont clairs, proclamant sans détour vouloir en finir avec la République :
" Un ou deux colonels et une douzaine de capitaines séditieux… Deux régiments dans Paris et les autres qui ne s’y opposeraient pas… Nous n’avons besoin que de cela pour imposer nos vérités aux flics franc-maçons et aux flics racailles qui nous ont encore montré, dimanche, de quel coté ils étaient avec un score de 300 arrestations – et une centaine encore lundi – alors que l’on ne dénombrait que 30 arrestations lors de la descente de la Katiba racaille qui commença à piller le centre de Paris lors de la fête donnée par les Quataris du PSG …"
Après leur putsch, ils ont déjà en tête de leur junte une troïka de généraux : Benoît Puga, le chef d’état-major particulier du président de la République dont le frère est  l’abbé Denis Puga, un prêtre intégriste qui officie à Saint-Nicolas-du Chardonnay, Pierre de Villiers, numéro deux des Armées et frère cadet du vendéen Philippe de Villiers et Bruno Dary, ancien Gouverneur militaire de Paris, un des organisateurs de la Manif pour tous.

On pourrait rire de ces fantasmes anarcho-royalistes mais il existe bien une exaspération au sein des Armées liée à la réduction du budget militaire (dont d'ailleurs Jérôme Cahuzac aurait fait les frais) sur fond de radicalisation de la droite. Cette même droite fait souvent preuve d'une certaine inconséquence en mettant en cause régulièrement la légitimité de François Hollande et son gouvernement.

Lors de la visite de François Hollande au 12ème régiment de cuirassiers d’Olivet dans le Loiret, les militaires avaient été préventivement désarmés...

samedi 8 juin 2013

Vous avez dit "Classes Moyennes" ?

Vous avez dit "Classes Moyennes" ? 
Sans le savoir vous venez de relancer un débat vieux de deux siècles qui depuis n'a cessé de diviser politiciens, économistes et sociologues. Le bon vieux Karl Marx n'y échappe pas, lui qui avait déjà au XIXe siècle pronostiqué leur déclin.

Le question est revenu sur le devant de la scène des Left_Blogs avec un questionnement sur l'impact de la réforme de la politique familiale annoncée par Jean-Marc Ayrault.
Cela commence avec Jegoun et son article "L'UMP et la théorie des classes" en passant par Dédalus et son "Le matraquage fiscal et les classes moyennes" avec un véritable questionnement sur cette catégorie à laquelle s'identifie spontanément les trois quarts des Français.

Source : Observatoire des inégalités

Alors que la frontière entre classes populaires et classes moyennes ne recouvre plus depuis la désindustrialisation et la tertiairisation du pays la vieille distinction entre cols bleus et cols blancs, les classes moyennes sont devenus un groupe très hétérogène auquel s'identifie une population qui se considère ni pauvre, ni riche. 

Classes Moyennes, grandes disparités
Le terme recouvre de grandes disparités de revenus et de situation. En cette appellation vont se reconnaître des personnes qui s'estiment sorties d'un système social précaire tout comme des gens gagnants plus qu'honorablement leur vie. Les premiers s'estiment avoir su maintenir un certain niveau de vie ou s'être élevé socialement de manière significative. Les seconds peuvent estimer gagner très bien leur vie mais bien moins que les 1 ou 2 % des mieux lotis sachant que la courbe des revenus est fortement ascensionnelle sur ces dernières tranches.
Pour les revenus, les économistes, statisticiens ou sociologues utilisent souvent les déciles afin d'éviter de travailler sur des moyennes qui cachent de grandes disparités, mais il ne faut pas oublier que les 1 % de la population touchant les plus hauts revenus les disparités sont vertigineuses (1).

Échelle des revenus déclarés par unité de consommation en 2010 (source INSEE)


Au-delà des revenus, le patrimoine
Autant, les revenus des Français sont systématiquement passés au crible, analysés, mesurés ou sondés autant le patrimoine reste un éternel inconnu ignoré et mal mesuré. Un situation bien paradoxale alors que le patrimoine reste un élément essentiel conditionnant l'appartenance à une classe ou à une autre.
Débattre uniquement sur les revenus est insuffisant si on ne prend pas en compte l’interaction du patrimoine sur le niveau de vie et les phénomènes de surclassement ou de déclassement.
Il serait donc illusoire de seulement identifier les classes moyennes à leurs revenus sans en même temps y corréler la notion de patrimoine.
L'accumulation du patrimoine tout au long de la vie ou par héritage change de façon déterminante la perception des niveaux de revenus, c'est à dire la notion de bien-être matériel. Ainsi, le patrimoine préféré des Français, l'immobilier, n'est pas sans impact dans les grandes zones urbaines ou les zones sous pression où le coût du logement est significatif.
Dans ces zones au-delà des inégalités de revenus, la question patrimoniale est un élément souvent prépondérant hélas peu pris en compte, un exemple flagrant de l'utilité de corréler revenus et patrimoine.


Références : 

mardi 4 juin 2013

Occupy Gezi, le "Printemps turc" en image



Un fil image du mouvement est actuellement disponible sur OccupyGezi qui montre l'ampleur et la force de ce mouvement, de ce que certains appellent déjà le "Printemps Turc".

Avertissement : certaines de ces images sont dures et peuvent choquer un public sensible.

 

lundi 3 juin 2013

Politique familiale : tout est bon pour contrer les manif' pour tous !







Finalement, le gouvernement a renoncé à moduler les allocations familiales. L'ensemble du monde syndicat de la CGT à la CFTC, et l'ensemble des associations représentatives de la famille était hostile à la remise en cause de l'universalité des allocations. Le gouvernement a choisi d'abaisser le plafond du quotient familial de 2 000 euros à 1 500 euros par demi-part fiscale. En clair, les familles les plus riches paieront davantage d'impôt, l'avantage fiscal maximal procuré par chacun de leurs enfants (les fameuses "parts" ou "demi-parts" supplémentaires) étant raboté.

Dans ce contexte de maîtrise des dépenses, cette mesure moins clivante devrait permettre de diffuser l'effort sur environ 1,3 million de foyers fiscaux, soit 12 % des ménages avec enfants.
La mesure sera sans doute moins drastique que celle prise par David Cameron qui a privé ou limité les allocations familiales 1,1 millions de ménages du Royaume-Uni.  Depuis janvier, les familles les plus riches n'ont plus droit aux allocations familiales. A partir d'un revenu annuel de 60 000 euros pour l'un des deux conjoints, les allocations sont réduites et elles disparaissent au-delà de 70 000 euros.

Cette mesure va sans doute faire des mécontents mais l'essentiel est sauvé alors que le déficit de la branche famille se monte à deux milliards d'Euro.

Pour la petite histoire, on peut aussi faire un raccourci à l'image de Bar, qui constatant la forte présence de familles nombreuses aisées dans les manifestations contre le mariage pour tous voit en cette mesure une nouvelle entrave à ces manifestations sans fin.


samedi 1 juin 2013

L'UMP revue par Buisson, une droite décomplexée


L'arrivée du conseiller occulte Patrick Buisson auprès de Nicolas Sarkozy a fondamentalement changé la position d'un grand parti uni de droite face à l'extrême-droite et ses idées.

Journaliste et conseiller en communication, Patrick Buisson s'est toujours positionné à la l'extrême-droite de la sphère politique avec un passage à Minute, au Crapouillot, puis à Valeurs Actuelles. Il se trouve vers le conseil en politique avec entre autres clients,  Philippe de Villiers ou de Alain Madelin.

Alors que Jacques Chirac a toujours tenu à maintenir un cordon sanitaire entre droite et extrême-droite, Patrick Buisson est approché en 2005 par Nicolas Sarkozy qui en fait un de ses conseillers au Ministère de l'Intérieur.

Depuis, il n'a eu de cesse de monter en puissance au sein de l'équipe Sarkozy. Après l'élection de 2007, il devient le conseiller le plus écouté de l'Élysée, entérinant un discours de plus en plus musclé mais aussi une redéfinition idéologique de la droite traditionnelle avec des influences de plus en plus marquées propres à l'extrême-droite. En 2012, Patrick Buisson s'oppose de plus en plus à Henri Guaino, conseiller spécial et plume de Nicolas Sarkozy. Il impose la référence aux "racines chrétiennes de la France".

« Nous avons reçu de nos parents comme un trésor des territoires où se dressent partout des cathédrales et des églises. Personne ne nous interdira de revendiquer nos racines chrétiennes ». 
Nicolas Sarkozy

Cet perméabilité idéologique ne permettra à Nicolas Sarkozy de remporter l'élection présidentielle de 2012 mais constitue une réelle ligne de fracture au sein de l'UMP entre tenant d'une "Droite Populaire" décomplexée (comprendre décomplexée vis à vis des idées d'extrême-droite) et une droite traditionnellement modérée. Cette fracture, on le retrouvera ensuite dans le combat sans merci que se sont livrés Jean-François Copé et François Fillon pour la direction de l'UMP.

L'influence reste prépondérante au sein de l'appareil de l'UMP comme le révèle cette semaine dans l'Express François Baroin. L'ancien ministre de l'économie qui n'a jamais caché son aversion pour une droitisation à outrance de l'UMP revient sur le cas Buisson :
"On assure une promotion à quelqu'un qui n'a aucune légitimité, pour parler au nom d'un peuple qu'il n'a jamais rencontré. Je ne connais pas l'état des relations entre ce monsieur et le président Sarkozy; je crois savoir que cette influence existe à l'intérieur de notre famille. Il vient de l'extrême droite, il a un projet politique, son influence est nocive, nous devons le combattre. C'est la même chose pour ses subordonnés. "
 Fidèle de Jacques Chirac, François Baroin rappelle sa position clairement hostile au Front National :
"Le FN, c'est l'extrême droite, l'ennemi irréductible des gaullistes, donc de l'UMP. Il faut rétablir le barrage établi par Jacques Chirac, qui a eu pour effet de faire éclater le FN en deux. Il y a aujourd'hui, à la droite de l'UMP, une trop grande porosité avec les positions traditionnelles de l'extrême droite, que ce soit sur le protectionnisme, les sujets de société ou encore l'Europe."
Un message hélas bien loin éloigné de la ligne de nombreux élus et militants de l'UMP qui comme on a pu le voir lors des manifestations anti-mariage pour tous ont clairement manifestés y compris après le vote de la loi au Parlement et sa validation par le Conseil Constitutionnel aux côtés du FN et de divers groupuscules d'extrême-droite.

lundi 27 mai 2013

Mariage pour tous, quand mon cœur bat à gauche

Avec ce printemps très tardif et peu clément, ce dimanche était l'occasion rêvée de se balader et de flâner en famille. Direction donc carrefour de l'Odéon, où entre cinémas, vieilles rues étroites et quelques adresses encore abordables et pas trop touristiques, le flâneur du dimanche peut librement évoluer dans le cœur de Paris.

Mal m'en a pris car en guise de flânerie, nous nous sommes retrouvés en pleine manifestation contre le mariage pour tous !

La France des beaux quartiers de Paris et de Province venue déclarer son hostilité aux droits au mariage pour tous, une caricature faite à 50 % de retraités BCBG / NAP et pour le reste de familles nombreuses façon Le Quesnoy qu'Étienne Chatilliez n'aurait pas désavouées, le tout encadré par des scouts boutonneux ou attardés.

Une autre France autoproclamée "Vraie France" bien différente par sa sociologie et ses origines de la véritable France, venue sans complexe crier sa farouche opposition au mariage pour tous mais aussi vomir le verdict démocratique issu des urnes en 2012, une France figée et réactionnaire.

Cela fait mal à voir cette France de la réaction, cette violence faite au vivre ensemble ainsi exposée. Une gifle en pleine face. Et ce sentiment d'être oppressé et face à cela d'être impuissant... Dur dimanche.

vendredi 24 mai 2013

A bout de souffle (en cathovision)



A bout de souffle
La mouvement contre le mariage pour tous est décidément à bout de souffle : l'égérie des grenouilles de bénitiers, la caution "jeune et déjanté" de la France catholique, réactionnaire et intolérante jette l'éponge. Alors que la dernière manifestation a été un four, Frigide Barjot est rattrapée par ses alliés extrémistes qui la menacerait suite à sa proposition d'union civile.

Elle vient donc d'annoncer qu'elle réservait sa venue à la manifestation de ce dimanche signe que le bateau prend l'eau et que le mouvement perd tout sens après la validation par le Conseil Constitutionnel. 
Les Français ne sont pas dupes. Selon un sondage BVA pour iTélé et Le Parisien, 62 % des Français estiment qu'il serait normal que les manifestations hostiles au mariage pour tous cessent maintenant que la loi est adoptée.

Copé persiste et signe
Le bateau prend l'eau mais Jean-François Copé patron contesté de l'UMP persiste à vouloir engager son parti dans la voie sans issue de ce combat d'arrière-garde.
Aiguillonné par son aile droite, la Droite Populaire, il exhorte dans le courrier suivant les militants UMP à rejoindre ce dimanche une manifestation qui est de plus en plus entre les mains des ultras.
"Vous avez été innombrables à vous mobiliser le 13 janvier et le 24 mars dernier pour marquer votre opposition au projet de loi instaurant le mariage et l'adoption pour les couples de même sexe" [...] "Cette manifestation est l'occasion de marquer notre engagement pour des valeurs, une vision de la société différente de celle que la gauche veut imposer à l'ensemble de nos concitoyens et de nous battre au milieu d'eux, non pas pour des intérêts particuliers ou catégoriels, mais pour ces valeurs que constituent la famille ou les droits de l'enfant."
Lors des précédentes manifestations, monsieur Copé n'avait pas caché sa volonté de récupérer le mouvement : 
"J'invite les centaines de milliers de Français qui ont manifesté contre ce texte et les millions de Français qui s'y sont opposés dans leur cœur à transformer cet engagement sociétal en un engagement politique."

Il espère sans doute toujours être en mesure de récupérer un mouvement qui depuis longtemps lui a échappé au profit d'une extrême-droite bien présente et active. Ce cousinage hélas assumé par une partie des troupes de l'UMP, une droite "décomplexée" et populiste est très inquiétant. A moins d'un an des élections municipales, cette politique laisse présager de très nombreuses alliances UMP-FN, y compris

L'incroyable Jean-François
D'ailleurs la crédibilité de Jean-françois Copé sur le sujet est bien faible. Alors qu'il a clairement annoncé une abrogation de la loi en cas d'alternance politique en 2017, selon le sondage de BVA seulement 19 % des sondés le pensent, 79 % des personnes interrogées estimant improbable une réécriture de la loi.Une position qui est loin de faire consensus au sein de l'UMP...

Radicalisation à outrance pour une manifestation sous haute tension
Dès hier, un des principaux relais de mobilisation de cette manifestation, le Printemps Français qui ne cache pas son idéologie nationaliste et catholique a publié sur son site un appel à la mobilisation attestant de l'extrême radicalisation du mouvement
"Aujourd’hui, le Printemps Français proclame l’Ordre du Jour Numéro 1 d’une nouvelle résistance à l’idéologie. La France est actuellement soumise à des forces qui veulent l’asservir entièrement. La bataille ne fait que commencer. Elle se prolongera jusqu’à la victoire.
A l’aube de ce combat, des partis politiques annoncent déjà leur collaboration avec le pouvoir idéologique, en affirmant faussement que la loi Taubira ne pourra pas être abrogée. En se plaçant dans le camp ennemi, ils se désignent eux-mêmes comme des adversaires. Le Printemps Français énonce donc que seront tenus pour cibles :
-        le gouvernement actuel et tous ses appendices,
-        les partis politiques de la collaboration,
-        les lobbies où s’élaborent les programmes de l’idéologie et les organes qui la diffusent."
D'ailleurs pour ce mouvement, l'échauffement aura lieu dès ce soir avec une manifestation devant le siège du Grand Orient de France à Paris dans la ligne historique de l'extrême-droite française...

Illustration : merci à Denis de L'Atelier de Denis