vendredi 27 septembre 2013

Syrie : nécessaire retour à la realpolitik pour Hollande



Après les gesticulations sur l'air du va-t-en-guerre, François Hollande doit se rendre contre que sa politique belliciste vis à vis de la Syrie est dans l'impasse.

Bien plus pragmatiques, Russes et Américains se sont entendus pour faire baisser les tensions en trouvant un accord sur le démantèlement de l'arsenal chimique syrien.

Alors que début septembre, j'émettais les plus grandes réserves quant aux chances de succès d'une telle aventure militaire (lire ici), la situation sur le terrain a radicalement changée.

Les groupes islamistes Front al-Nosra ou encore l’État islamique en Irak et au Levant largement financés par l'Arabie Saoudite et le Qatar prennent le dessus sur l'Armée Syrienne Libre (ASL). Cette dernière nationaliste laïque et modérée est à l'origine du mouvement d'insurrection armé contre le régime de Bachar al-Assad.

Alors que jusqu'à présent elle comptait sur ces multiples groupes pour soutenir son combat contre l'armée syrienne, l'ASL tend à se marginaliser sur le terrain au profit de ces groupes.
Ces derniers sont d'ailleurs rejoints par des déserteurs de l'ASL. Les groupes djihadistes sont mieux armés et peuvent compter sur les largesses des pays du Golfe pour payer les soldes de leurs combattants.

Les menaces de fourniture d'armements au profit de la rébellion maintes fois répétées par François Hollande risquent de ne jamais se concrétiser.
Sauf à finalement soutenir des groupes qui multiplient enlèvements de villageois et exécutions sommaires, et instaurent des tribunaux islamiques dans les zones qu'il contrôlent.

 

mardi 10 septembre 2013

Évasion fiscale, le hold-up du siècle : le documentaire incontournable d'Arte

le jeu du parfait fraudeur


L'évasion fiscale, c'est 1.000 Milliards d'euro chaque année dans l'Union Européenne, 50 Milliards en Allemagne, 80 Milliards en France, un total estimé entre 21.000 et 31.000 Milliards de dollars dissimulés dans les paradis fiscaux.

Ce mardi 10 septembre à 20h50, Arte propose le documentaire de Évasion fiscale, le hold-up du siècle de Xavier Harel.

Sous la forme d'un thriller économique, ce journaliste nous fera découvrir la réalité de ce monde économique où se croisent juristes, banquiers et multinationales dont le seul objectif est de distraire de l'impôt des dizaines de milliards d’euros ou de dollars qui devraient être versés aux États.

On y croisera bien sûr des dirigeants de multinationales confrontés à leurs mensonges ou des banquiers "vertueux" qui contribuent tranquillement à ce pillage. On pourra voir cet immeuble de quatre étages des îles Caïmans qui héberge 18.000 sociétés.

A l'heure de la lutte déclarée contre l'évasion fiscale et du fameux "Les paradis fiscaux, c'est terminé" clamé par Nicolas Sarkozy, le documentaire nous ramène à la réalité d'un scandale qui se poursuit grâce à la complicité ou à l'inaction du monde politique et finalement, l'inaction de nous citoyens.



A voir ou revoir en Replay pendant 7 jours : Évasion fiscale, le hold-up du siècle

A noter, toujours sur le site d'Arte, un dossier complet y compris un " jeu interactif du parfait fraudeur " (voir illustration ci-dessus).

vendredi 6 septembre 2013

Syrie : l'intervention américaine sera-t-elle financée par les pays arabes ?

Le Secrétaire d'État John Kerry lors des auditions à la Chambre de Représentants

Pendant que Barak Obama participe au sommet du G20 en Russie, John Kerry en qualité de Secrétaire d'État (chef du département d'État chargé des affaires étrangères) poursuit les auditions à la Chambre des Représentants (la chambre basse du Congrès fédéral) pour tenter de convaincre les représentants du bien-fondé d'une intervention en Syrie.

Interrogé sur l'implication et le soutien des pays arabes (comprendre les pays arabes qui soutiennent les rebelles syriens et pas la Ligue Arabe, ni l'ensemble des pays arabes) par Ileana Ros-Lehtinen représentante républicaine de Floride, John Kerry a révélé que "les pays arabes" avaient proposé de prendre en charge l'intégralité des coûts engagés par les forces armées américaines pour renverser le régime de Bachar al-Assad.

A noter que lors de ces auditions, il n'est plus seulement questions de frappes (strikes en anglais) comme initialement envisagées mais d'invasion. Cette possibilité d'invasion a d'ailleurs été corroboré par Le Canard Enchaîné, le journal d'information satirique révélant dans sa dernière édition qu'un groupe de débarquement de 800 marines étaient d'or et déjà présent en Mer Méditerranée orientale.

Le financement de l'Armée Américaine par une coalition de pays arabes sunnites est d'autant plus troublant que cette offre de financement (comme une vulgaire troupe de mercenaires) n'a pas été repoussée par le même John Kerry. (" That offer is on the table.").

Alors que François Hollande reste ancré sur ses propres certitudes, le Congrès Américain reste dans l'expectative quant à la réussite d'une telle invasion, son coût humain et même sur l'intérêt même de renverser Bachar al-Assad, un chef d'État ennemi des États-Unis flirtant souvent avec la ligne rouge mais bien souvent prévisible et mesuré pour le remplacer par des groupes islamistes imprévisibles et dangereux.

Barak Obama risque bien de revenir bredouille de Saint Petersbourg où il n'a pas réussi à faire fléchir la position de Vladimir Poutine.
A son retour, il devra aussi faire preuve de beaucoup de conviction pour convaincre un Congrès pour l'instant peu disposé à s'engager plus en avant dans l'aventure syrienne.

 

lundi 2 septembre 2013

Syrie Hollande isolé et à la remorque d'Obama



Vous avez sans doute remarqué qu'il y beaucoup de prises de position sur les blogs quant à l'annonce d'une intervention militaire française en Syrie. Avec beaucoup d'interrogations quant à cette intervention qui ne fait pas consensus et semble peu motivée eu égard aux nombreuses questions soulevées.

Il y a ceux qui doutent : ici ou encore . D'autres ont moins de précautions et s'en remettent à François Hollande.

Pourtant, François Hollande n'a jamais autant isolé. Pour fois, François Hollande aurait pu être en rupture avec les us et coutumes de la Ve République dont les barbouseries de la Françafrique ne sont pas des moindres.

Mal conseillé diplomatiquement, François Hollande est désormais en première ligne dans l'attente du feu vert de Barack Obama lui-même à la merci du Congrès US qui lui est peu favorable.

Mal conseillé politiquement, il reste dans la posture de celui qui veut absolument habiter la fonction au risque de se retrouver dans la position de son prédécesseur l'obni-gesticulant Nicolas Sarkozy. Chercher à tout prix être un président omniscient, maître du destin militaire d'un pays hors de tout contrôle parlementaire (il devra rendre des comptes à postériori devant le Parlement)selon un usage suranné de la Ve République est une erreur. Car il a le temps. Celui du temps de la décision américaine.
Le temps de s'exprimer devant le Parlement et de laisser les parlementaires débattre. S'il doit faire volte-face, il pourra ainsi à l'imputer aux atermoiements du Parlement, Gauche et Droite réunies.

Il est aussi mal conseillé militairement. L'effet de surprise ne jouera pas en sa faveur. Les forces gouvernementales syriennes attendent les frappes de pied ferme et sont prêtes à répliquer avec leurs batteries Pantsir-S1 de fabrication russe.


Bref une occasion ratée pour un François Hollande bien mal entouré.