mardi 30 avril 2013

Faut-il aimer Angela Merkel ?

C'est le dernier tabou à la mode : il faut aimer Angela Merkel, la moindre critique passant pour l'expression d'un absolu anti-germanisme primaire. Sorti de la léthargie politique, Jean-Louis Borloo s'est engouffré dans la surenchère lexicale en parlant de "climat germanophobe". 

Angela Merkel
Sommes-nous donc condamnés à aimer Angela Merkel et donc de manière implicite sa conduite de la politique monétaire européenne, sous peine d'être taxés de germanophobes ? Tout comme nous serions condamnés à encenser Margaret Thatcher, honnie d'une large part de la population britannique, sous peine d'être d'être qualifiés d'anglophobes ?

Mais, peut-on encore se taire quand près de 20 millions de personnes sont au chômage dans la zone euro soit 11,6 % de la population active ? Le taux de chômage atteint 10,5 % en France, 12 % en Italie, 17 % au Portugal, 27 % en Grèce et 29 % en Espagne, sans parler du chômage des jeunes qui frôle les 60 % en Espagne, et les perspectives à venir sont encore plus sombres.

Cette crise financière car il s'agit bien d'une crise financière est loin d'être terminée.  Depuis 2008, nous en sommes au 13e plan de sauvetage de l'Euro et la récente crise chypriote (0,2 % du PIB de la zone Euro) montre que ces plans seulement basés sur le soutien total aux banques par les fonds publics, les coupes budgétaires et l'austérité généralisée sont inefficaces.

L'Italie avec l'ancien gouvernement de Mario Monti vient de connaître une période d'austérité sans précédent en Europe, suivant à la lettre les recommandations de la Troïka. Le résultat est plus que désastreux car l'activité économique a reculé, la dette a bondi de 105 à 127,3 % et surtout le pays est devenu politiquement ingouvernable avec l’émergence d'une troisième force politique, populiste et incontrôlable.
Grèce, Irlande, Espagne, Portugal, Italie et demain la France, il faut se demander combien de pays seront encore détruits en vain avant qu'on se décide à changer enfin de politique.

Madame Angela Merkel est aujourd'hui la garante d'un système contrôlé par les banques qui depuis la crise de 2008 n'a peu ou très marginalement été réformé.

Mais l'Allemagne n'est pas à l'abri d'une catastrophe. Le site américain zerohedge vient de publier un article sur la principale banque privée allemande, la Deutsche Bank, qui révèle que cette banque est celle qui dans le Monde a la plus grande exposition aux produits dérivés.
Fin 2012, la Deutsche Bank était exposée à la hauteur de 55.605.039.000.000 €, soit 20 fois le PIB de l'Allemagne. Cette même banque qui est dans le collimateur de la Bundesbank (Banque Centrale Allemande) pour avoir dissimilé plusieurs milliards de pertes et de la BaFin, l'autorité allemande des marchés financiers, pour son implication dans le scandale de la manipulation des taux interbancaires du Libor , vient de lever près de 3 milliards d'Euro par émission d'actions.
On peut se poser la question du sérieux de l'inflexible Bundesbank, de celui de la BCE qui ont laissé ainsi une telle banque d'exposer plus que de raison.
Et qu'en sera-t-il de l'inflexibilité de Madame Merkel si cette banque venait à s'effondrer ?

Il faut en effet changer ce système et cela passe par une inévitable confrontation avec Angela Merkel

Les électeurs allemands seront d'ailleurs les premiers à trancher et si une coallition Verts-SPD parvenait à gagner les élections du 22 septembre 2013, ils ne seraient pas taxés, eux, de germanophobes.

1 commentaire:

  1. Il y a une incompréhension dans nos façons de regarder en dehors de nos frontières. Merkel représentant la puissance allemande, on oublie trop souvent qu'elle continue la politique en pire de son illustre prédécesseur et fossoyeur du socialisme au niveau européen : Gerard Schröder.

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