lundi 22 juillet 2013

L'appel du Collectif Retraites 2013 (Pas un trimestre de plus, pas un euro de moins !)

Alors que le gouvernement socialiste s'apprête à réformer de manière plus restrictive l'accès à la retraite en l'axant sur l'allongement de la durée de cotisation,  se met en place le collectif Retraites 2003 qui refuse un simple ajustement comptable mais propose une véritable réflexion sur le travail et la solidarité inter-générationnelle.

Voici l'intégralité du texte de cet appel :

" Lors de la Conférence sociale du 20 juin, François Hollande a annoncé que, dans le cadre de la prochaine réforme des retraites, l’allongement de la durée de cotisation sera « la mesure la plus juste » face à « cette chance formidable qu’est l’allongement de l’espérance de la vie ». Cette voie n’est pas acceptable. Les réformes de 1993, 2003, 2007 et 2010 ont déjà réduit les droits à pensions de plus de 30 %, en aggravant les inégalités déjà fortes entre les pensions des femmes et celles des hommes. Elles doivent donc être remises en cause.
Refusons les régressions sociales
« On vit plus vieux, il faut donc travailler plus longtemps », tel est l’argument qu’on nous rabâche. Mais on oublie de préciser qu’augmenter la durée de cotisation, c’est en réalité programmer la baisse des pensions. Baisse immédiate pour tous ceux – chaque année plus de la moitié des nouveaux retraités – qui passent directement du chômage, ou de l’inactivité, à la retraite, et qui ne pourront jamais atteindre cette durée. Baisse à venir pour les nouvelles générations entrées plus tard dans la vie professionnelle du fait de l’allongement des études et qui connaissent déjà un chômage massif, aggravé par l’incitation faite aux seniors qui le peuvent de prolonger leur activité. On oublie aussi de rappeler que l’allongement de la durée de cotisation et la décote pénalisent plus fortement les personnes aux carrières courtes, en majorité des femmes. L’espérance de vie augmente, mais l’espérance de vie en bonne santé, elle, diminue depuis plusieurs années. La souffrance au travail se développe, de nouvelles pathologies apparaissent. Les plus dures années au travail sont entre 60 et 65 ans. Les meilleures années de la retraite sont entre 60 et 65 ans. L’allongement de la durée de cotisation, c’est la double peine. Nous ne pouvons pas l’accepter.
L’austérité sans fin est suicidaire
Le gouvernement justifie cette nouvelle réforme par l’allongement de la durée de vie. Mais le déficit actuel ne doit rien au vieillissement de la population. Il s’explique par la récession qui se creuse en Europe, détruit des millions d’emplois et diminue les cotisations sociales induites par l’emploi. Cette récession provient essentiellement des politiques de réduction des dépenses publiques et de baisse du « coût du travail » menées partout en Europe par les gouvernements en accord avec la Commission. Si, comme cela semble être le cas, le gouvernement inscrit la réforme dans le cadre de ces politiques, il ne pourra que retenir des pistes entraînant une nouvelle baisse du niveau des pensions. Ce qui diminuerait encore le pouvoir d’achat des retraités, aggraverait la récession et entraînerait une nouvelle hausse du chômage. Sans qu’au bout du compte les déficits ne soient  réduits !
Il est possible de faire autrement
L’augmentation de l’espérance de vie ne date pas d’aujourd’hui. Par le passé, elle s’est accompagnée d’une diminution du temps passé au travail et d’une amélioration du niveau de vie, grâce à un partage de la richesse produite. C’est à nouveau la voie à suivre.
Pour augmenter le volume des cotisations sociales, il faut en finir avec l’austérité, relancer l’emploi par une réduction du temps de travail, une sécurisation de l’emploi, de la formation et du revenu, une augmentation des minima sociaux, une politique audacieuse d’investissement en matière sociale et écologique. Une voie supplémentaire, toujours négligée, pour répondre au besoin de financement des retraites, est la réalisation de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, à la fois par l’accroissement du taux d’activité des femmes, la suppression des inégalités salariales et la lutte contre le temps partiel subi. Il s’agit là de choix politiques de justice et de solidarité.
Il y a plus de retraité-es ? A moins de décréter leur paupérisation, il est normal de financer leurs retraites en augmentant leur part dans la richesse produite. Selon le Conseil d’orientation des retraites, il faudrait, à législation inchangée, un point de PIB supplémentaire en 2020 pour équilibrer le système de retraite alors que la part des salaires a chuté d’environ 6 points au cours des dernières décennies en faveur des dividendes.
Pour une large mobilisation citoyenne
La question des retraites pose celle de la société dans laquelle nous voulons vivre. La retraite à 60 ans par répartition n’est pas un fardeau, elle est une transmission continue et solidaire de la prise en charge d’une génération par la suivante. C’est pourquoi elle dépend aussi de l’avenir que la société sera capable d’offrir aux jeunes générations. Nous ne pouvons accepter la paupérisation programmée des futurs retraité-es, la destruction des solidarités sociales, l’idéologie absurde du « travailler toujours plus » dans une société productiviste et inégalitaire. Cet engrenage favorise l’extrême droite et menace à terme la démocratie. Comme en Europe du Sud et dans bien d’autres pays du monde, la société doit se mettre en mouvement. Pour y contribuer nous organiserons partout des réunions, des initiatives de rue, des ateliers d’éducation populaire et nous soutiendrons les initiatives prises par le mouvement syndical. Nous voulons un système de retraites solidaire. Pas un trimestre de plus, pas un euro de moins !

Retrouver le site de l'appel

Premiers signataires

Signataires de l'appel

samedi 20 juillet 2013

Bon et maintenant on fait quoi à Gauche pour le monde du travail ?


Quand le monde du travaille désespère de l'alternative à gauche ?

 On a beaucoup spéculé sur les conditions de l'envolée du Front National et les défaites des partis de gauche aux dernières élections partielles.

Cependant, il ne faut pas se voiler la face. Il y a une véritable désespérance du monde du travail. Certes, les conditions économiques sont difficiles et les marges financières sont étroites. Mais pour autant, on peut se demander si les divers partis de la Gauche plurielle, leurs représentants politiques et l'actuel gouvernement savent encore tenir un discours cohérent, audible et acceptable pour une large partie de l'électorat naturel et traditionnel de la Gauche.

Une véritable question qui dépasse les enjeux étriqués de la politique politicienne et concerne les mutations actuelles et à venir de notre système politique.

vendredi 12 juillet 2013

La tentation du gaz de schiste

Carte des titres miniers d'hydrocarbures au 1er juillet 2012


Quelques jours après le limogeage de Delphine Batho, Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif revient à la charge sur l'exploitation des gaz de schiste. Je ne reviendrais pas sur les aspects polémiques fort bien exposé sur A perdre la Raison en réponse au billet de Juan.

Même s'il existe actuellement un consensus mou autour du principe de non-exploitation en France des gaz de schiste, il n'en demeure pas moins qu'il y a une forte tentation de parvenir à court ou moyen terme à une levée partielle ou totale de ce moratoire.
Les industriels de la prospection ne l'entendent pas autrement et d'ailleurs, ils sont déjà sur la ligne de départ comme en témoigne les permis d'exploitation visibles sur les cartes géologiques du Ministère de l'Écologie, du Développement Durable et de l'Énergie. On peut compter sur eux et leur puissance de lobbying pour pousser dans ce sens.

La tentation politique reste grande d'autoriser ce type d'exploitation afin de retrouver comme aux États-Unis de la croissance, voire de booster une croissance désormais structurellement faible dans les pays occidentaux.
Si l'opinion est actuellement majoritairement opposée à l'exploitation des gaz et huiles de schiste,  ce type d'exploitation risque de revenir bien plus vite que prévu.
Par exemple, elle peut revenir à la marge au travers de permis d'expérimentation de techniques supposées non polluantes.
C'est ce genre de manipulation qui avait été tenté pour l'introduction des techniques OGM en France. Le mot "expérimentation" est désormais le sésame pour introduire des mesures ou des techniques contreversées, sachant que la fameuse expérimentation ne sera jamais évanuées et ne fera jamais l'objet d'un débat contradictoire.
Et il y aura toujours des comités scientifiques pour attester qu'une technique utilisée est non polluante voire éco-compatible. 
Comme je le disais sur un commentaire posté chez Juan : 

"Officiellement, l’exploitation des gaz de schiste par fragmentation hydraulique est sûre et non polluante aux États-Unis. Parole d’experts et de scientifiques…"

Dans l'immédiat, je vous recommande de regarder Gasland actuellement visible sur Arte+7.


vendredi 5 juillet 2013

Drame de l'assistanat

" Ce qui mine la société française, ce n'est pas l'élitisme, c'est l'égalitarisme, le nivellement, l'assistanat... "
Nicolas Sarkozy (Entretien à Paris-Match, 23 mars 2006)


Page Facebook de Nicolas Sarkozy

jeudi 4 juillet 2013

L'après Villeneuve-sur-Lot

Les résultats des premiers tours sur la 3e Circonscription du Lot en 2012 et en 2013


Cette élection a été bien sûr largement commentée dans la presse mais aussi sur les blogs, en particulier sur les Left-Blogs.

J'ai lu beaucoup d'articles et de commentaires. Il y a parfois des avis très tranchés, des positions bâties sur des principes inamovibles, d'autres plus pragmatiques.

Un débat fertile qui n'est pas sans m'inspirer quelques réflexions à loi, contemplateur de la vie politique et aussi par un travail militant, (modeste) acteur de cette vie politique.



A chaud, cette élection est un double-choc pour la Gauche. Un premier choc suite à l'affaire Cahuzac qui a ouvertement menti à ses amis politiques et à l'ensemble de l'Assemblée Nationale. Et un deuxième choc avec l'élimination à l'issue du premier tour du candidat socialiste au profit du Front National en pleines terres roses.



Gauche sanctionnée

Le Parti Socialiste a été clairement sanctionné et c'est normal. Jérôme Cahuzac par ses mensonges répétés puis par sa confession a très largement discrédité une formation qui avait fait de l'assainissement de la vie politique un objectif majeur.

C'est une sanction très dure pour de nombreux socialistes qui se sont ouvertement engagés dans cette voie, luttant pour faire évoluer les choses en interne ce qui est loin d'être facile. Parité, non-cumul des mandats, lutte contre les conflits d'intérêts, publication de l'utilisation des cagnottes parlementaires, transparence... les choses progressent pourtant, sans doute pas assez vite mais elles vont dans le bon sens. Bien plus que dans d'autres partis qui persistent à approuver des pratiques que désormais, une grande majorité des Français réprouvent.



La Gauche désunie, Front en embuscade

Le Front National a bouleversé la donne électorale. Son électorat traditionnellement situé à la droite de la droite, s'est depuis bien longtemps élargi, avec un large écho dans les classes populaires qui ont depuis très longtemps abandonné les partis dit ouvriers. Le FN est aussi celui des désabusés d'une démocratie qui estiment-ils les a depuis longtemps abandonnés. Et aussi, c'est le recours du vote sanction, avec des électeurs qui prennent le temps de voter pour lancer un signal aux partis traditionnels. Cette lente progression n'a été possible qu'avec la mutation de notre société tant d'un point de vu économique que sociologique. Le FN excelle électoralement dans les zones économiques faibles ou isolées, dans les territoires où se manifestent de profonds déséquilibres.

La présence du Front National et son poids électoral met fin au système des deux camps, Gauche et droite, dont les composantes jouaient en solo au premier tour puis rassemblaient leurs forces respectives au second tour.
Ce schéma est désormais fini et les composantes de la Gauche (PS, PC, PG, PRG, EELV) doivent désormais y réfléchir. Soit elles persistent à jouer en solo au premier tour avec le risque grandissant d'élimination à l'issue de ce premier scrutin, soit elles réfléchissent à des accords locaux ou nationaux permettant de se rassembler sur des candidats uniques.
Un tel accord aurait permis de sauver la 3e circonscription du Lot-et-Garonne et la sauver d'un arbitrage hasardeux entre droite et Extrême-Droite (voir chiffres ci-dessus).



Le Front Républicain
Il ne faut hésiter à le dire : le Front Républicain est une invention de partis de gauche qui ne sert qu'à favoriser la Droite classique confrontée à l'Extrême-Droite. D'ailleurs, on remarquera que la réciproque n'est souvent pas systématique, la Droite classique refusant d'appeler au Front Républicain et préférant laisser le choix aux électeurs.
Et en cela, je comprend ceux qui ont choisi de ne pas se prononcer entre deux candidats de droite au second tour, entre des candidats d'une Extrême-Droite dont on connaît les valeurs et une Droite classique qui lorgnent de plus en plus sur les bonnes recettes frontistes.
On se rappelle aussi de ce qu'a fait Jacques Chirac de ses 82,21 % du second tour de 2002 : les électeurs de gauche ont finalement avec les gouvernements Raffarin et le trublion Nicolas Sarkozy chèrement payé leur ralliement à Jacques Chirac. 
D'un autre côté, il faut assumer le fait de laisser le loup dans la bergerie, c'est à dire avoir des élus frontistes avec toutes les conséquences de cette absence de choix. C'est un choix qu'ont fait 5.624 électeurs de la 3e circonscription du Lot-et-Garonne (15 % des votants) au second tour.
Le Front Républicain peut être proclamé par les états-majors mais finalement, cela reste une décision personnelle de l'électeur.
 

Une élection, aussi un phénomène local

Excepté pour les élections présidentielles et pour les Européennes, le sort des élections se fait souvent localement, pour les élections des élus des collectivités locales mais aussi pour les élections législatives qui constituent un scrutin de circonscriptions. Outre les aspects de politique nationale, ces élections revêtent un aspect local avec des électeurs qui doivent se prononcer sur des candidats qu'ils connaissent et côtoient régulièrement. Cela explique même certaines aberrations avec des électeurs qui votent pour un candidat de droite pour une élection et pour un candidat de gauche à une autre élection tout en estimant leurs choix cohérents.
Là encore, l'appréciation du candidat est aussi une question de convictions personnelles et d'adhésion ou de non-adhésion aux candidats, qui échappent aux calculs des états-majors parisiens et des pronostiqueurs professionnels et même aux fines analyses de Julien Dray.

Villeneuve-sur-Lot est un choc mais cette élection reste un indicateur. Le véritable choc serait l'échec total du mandat de François Hollande : si après Sarkozy, Hollande échoue, il ne restera plus que le Front National.
La Gauche, les Gauches n'ont pas le droit à l'échec.