jeudi 12 décembre 2013

Nicolas, ne te sens surtout pas obligé



"La question n'est pas de savoir si je veux ou ne veux pas revenir. Je ne peux pas ne pas revenir. Je n'ai pas le choix. C'est une fatalité. Une fatalité."
 Nicolas Sarkozy, Le Point


C'est vrai que c'est sympathique de te souvenir des Français. Il faut dire que tu les as bien laisser dans une merde noire avec un chômage en hausse inexorable, des comptes publiques bien dans le rouge, une envolée non maîtrisée de l'endettement...

Grand seigneur tu veux revenir pour jouer au sauveur, trop sympathique.

Mais franchement, je crois bien qu'on va devoir se passer de toi. Même tes amis les Balkany devraient pouvoir s'en sortir seuls... face à leurs juges.

D'ailleurs, à propos de juges, il semble qu'il y en ait quelques-uns qui souhaitent te poser des questions. Comprends bien, si tu es réélu, ton statut de président de la République pourrait retarder les instructions en cours et t'empêcher de laver ton honneur. Sans compter Carla qui serait contrainte à se distraire de son rôle de mère pour sortir un nouveau disque.

Tu t'inquiètes pour la France mais ne te fais pas de soucis : tes idées continueront à être promis par tes amis d'extrême-droite.

Bref, Nicolas, ne te sens surtout pas obligé... vraiment pas.

mardi 3 décembre 2013

Les sondages (vraiment) cons du Figaro

Comment ne pas partager l'avis de notre ami Jegoun exposé son article " Les sondages cons du Figaro " ?

Pour s'en convaincre il suffit de lire les questions posées dans ce superbe sondage de l'IFOP commandé par le Figaro.



La première question donne le ton : " Diriez-vous qu’au cours des dix dernières années, la France a fait beaucoup, assez, peu ou pas du tout d’efforts pour rester compétitive dans la mondialisation (limitation des hausses de salaires, réduction des aides sociales, assouplissement du droit du travail) ? "

Incroyable non ? Il faut donc croire que la compétitivité d'un pays ne tient que que par le moins disant salarial et social.
Et moi qui croyait que l'éducation, la qualification de la main d’œuvre, l'investissement, la recherche, les infrastructures et le tissus économique comptaient !

Autre question tout aussi conne : " Diriez-vous qu’aujourd’hui en France, il est très urgent, assez urgent, pas vraiment urgent ou pas urgent du tout que des réformes soient entreprises ? " mais qui ne mange pas de pain tant elle est vague et imprécise au possible : s'agit-il de l'écotaxe routière, de la hausse de la TVA sur les activités équestres,..

Le top est bien sûr la question suivante : " Estimez-vous qu’il serait possible d’avoir des services publics de qualité tout en réduisant le nombre de fonctionnaires ? " qui recueille 60 % de oui.

OK, on suit la logique du sondage et on respecte ces 60 % de oui. On commence par quoi. On réduit les forces de police. On limite les plages horaires d'intervention des sapeurs-pompiers aux heures de bureau. On ne fait plus école que trois jours par semaine. On n'assure les urgences dans les hôpitaux que les jours pairs, les jours impairs étant réservés aux accouchements. Quant au Pôle Emploi, il sera ouvert qu'à partir du 15 du mois.

Et on ferme quoi et où. Quel hôpital, quelle brigade de gendarmerie, quel bureau de poste, quel centre des impôts ? On supprime les contrôles vétérinaires et on laisse se multiplier des abattoirs clandestins. Qui, où et quand ? 

Vite des propositions... messieurs les sondagieux du Figaro.

jeudi 14 novembre 2013

Gros coup de mou pour Hollande


Avec seulement 15 % d'opinions favorables selon le dernier baromètre YouGov-Le HuffPost-Itélé de novembre,François Hollande dévisse de façon historique dans les sondages.

L'ampleur du désamour dépasse depuis longtemps les clivages classiques des partis car ce désamour touche désormais les militants et sympathisants socialistes. 49 % de ces derniers ont un jugement défavorable sur l'action du président de la République. Ils ont aussi un jugement défavorable sur l'action du premier ministre Jean-Marc Ayrault ou encore 55 % sur celle du gouvernement.

Il est désormais acquis que la Président de la République est au pieds du mur et pour sortir de cette impasse se doit de réagir...

lundi 14 octobre 2013

Brignoles : comment l'UMP a flingué le Front Républicain

"Depuis la fin du XXe siècle, le terme de « front républicain » désigne le rassemblement des partis politiques à une élection pour faire barrage à une victoire du Front national (FN) 1. Son utilisation la plus célèbre a lieu lors de l’élection présidentielle de 2002, où la quasi-totalité des partis politiques appellent à voter Jacques Chirac au second tour du scrutin pour que Jean-Marie Le Pen ne soit pas élu..."

Telle est la définition que donne Wikipedia pour le Front Républicain tel que nous le concevons en ce début de 21e siècle.

Ce principe a donc volé en éclat ce dimanche à Brignoles. Chacun va donc se féliciter ou accuser l'autre. La première perdante est l'ensemble de la Gauche y compris la "vrauche" chère à Jean-Luc Mélenchon. 

Mais c'est aussi le cas de la Droite qui porte la responsabilité d'avoir fait éclater ce principe de Front Républicain qui a fait ses preuves pendant une décennie, endiguant ainsi le Front National.

A cela, je vois deux raisons :

- la droite classique majoritairement incarnée par l'UMP mais aussi par quelques centristes et indépendants a depuis les années 2010-2011 peu à peu remis en question le principe de Front Républicain sous prétexte que le Parti Socialiste n'hésitait pas à s’allier avec l’extrême gauche. En renvoyant dos à dos extrême-droite et extrême-droite, la Droite a ainsi contribué à fausser la réciprocité qu'impliquait le Front Républicain. 
Après la défaite de Villeneuve-sur-Lot, je déplorais en juillet dernier que "le Front Républicain est une invention de partis de gauche qui ne sert qu'à favoriser la Droite classique confrontée à l'Extrême-Droite".
Ainsi, les électeurs du canton de Brignoles y compris les électeurs de gauche n'ont pas oublié que sur cette même élection cantonale (cela fait la troisième que les électeurs votent après deux annulations !)en 2012 l'UMP s'était gardée de demander à ses électeurs de voter pour le communiste Claude Gilardo opposé à un candidat FN.

- la droite classique UMP sous l'influence de Nicolas Sarkozy et de son aile droite décomplexée et populiste a de plus en plus contribué à effacer les frontières entre droite classique et Front National. Croyant pouvoir chasser en toute impunité sur les terres frontistes en flirtant avec les idées d'extrême-droite, la Droite s'est ainsi lepénisée. Cette lepénisation prédite en 1997 par Robert Badinter est désormais acquise pour une partie de la droite. Ce phénomène est encore plus accentué dans les régions comme la région PACA où la droite est ouvertement en concurrence directe électoralement mais aussi idéologiquement avec le parti Frontiste.

Malgré les dénégations de Jean-François Copé, il s'agit aussi d'un très mauvais week-end pour l'UMP, et aussi pour la démocratie dans notre pays.



Pour info :

Résultats élection cantonale partielle de Brignoles :

2nd Tour :

Inscrits : 20 728
Abstentions : 10 739 (51,81 % !)
Votants : 9 989 (48,19 %)
Blancs et nuls : 657 (!)
Exprimés : 9 332

Laurent Lopez (FN) 5 031 voix (53,91 %)
Catherine Delzers (UMP) 4 301 voix (46,09 %)

1er Tour

Inscrits : 20 728
Abstentions : 13 815 (66,65 % !)
Votants : 6 913 (33,35 %)
Blancs et nuls : 185
Exprimés : 6 728

Laurent Lopez (FN) 2 718 voix (40,4 %)
Catherine Delzers (UMP) 1 397 voix (20,8 %)
Laurent Carratala (PCF) 981 voix (14,6 %)
Jean-Paul Dispard 612 voix (9,1 %)
Magda Igyarto-Arnoult (EELV) 598 voix (8,9 %)
Christian Proust (DVD) 422 voix (6,3 %

lundi 7 octobre 2013

UMP ou FN au second tour : cela vous amuse ? Pas moi



Après Villeneuve-sur-Lot, c'est au tour de Brignoles. Quelques mois après le traumatisme c'est au tour du canton varois de Brignoles d'être en passe de basculer au Front National. Certes, le rapport des forces est très en faveur de la Droite Extrême avec un cumul de 49,5 % des voix exprimées.

Las encore, il aurait été possible de qualifier de justesse un candidat de gauche au second tour. Mais la désunion (candidature PCF et candidature EELV) a là encore fait le fruit de la Droite et de l'Extrême Droite. Le PS avait tiré des enseignements de Villeneuve-sur-Lot en ne présentant pas de candidat et en soutenant le candidat PCF. Ce ne fut pas le cas d'EELV.

Cette défaite a provoqué la colère du PCF qui a déclaré "EELV porte la responsabilité de la seule présence de l'UMP et du FN".
La position du PCF est paradoxale car d'un côté, il fustige le Parti Socialiste en déclarant que "cette triste participation en conformité avec toutes les partielles précédentes résultait avant tout de la désespérance que la politique du gouvernement suscite chez les électeurs de gauche. C'est elle qui met le candidat du FN en position de l'emporter au 2e tour".
Et d'un autre côté, le PCF regrette la désunion à gauche.
Quant à Jean-Luc Mélenchon, il considère que "le principal pourvoyeur des voix du FN est à l'Elysée".

Comme je l'avais déjà écrit lors de l'élection de Villeneuve-sur -Lot, la Gauche s'est encore disqualifiée en raison de sa désunion.
Encore une fois, les partis de Gauche ont appelé à faire barrage au FN.(vous savez le vote républicain, comprendre un vote en faveur de l'UMP).

Les partis de Gauche doivent se poser sérieusement la question du message qu'on envoie aux électeurs de gauche et prendre une fois pour toute leurs responsabilités.

Moi personnellement, cela ne m'amuse pas de choisir entre FN et UMP... surtout quand on voit la perméabilité grandissante des idées frontiste au sein de la droite traditionnelle.



Les résultats en détail :

Inscrits : 20 728
Abstentions : 13 815 (66,65 % !)
Votants : 6 913 (33,35 %)
Blancs et nuls : 185
Exprimés : 6 728

Laurent Lopez (FN) 2 718 voix (40,4 %)
Catherine Delzers (UMP) 1 397 voix (20,8 %)
Laurent Carratala (PCF) 981 voix (14,6 %)
Jean-Paul Dispard 612 voix (9,1 %)
Magda Igyarto-Arnoult (EELV) 598 voix (8,9 %)
Christian Proust (DVD) 422 voix (6,3 %)

vendredi 27 septembre 2013

Syrie : nécessaire retour à la realpolitik pour Hollande



Après les gesticulations sur l'air du va-t-en-guerre, François Hollande doit se rendre contre que sa politique belliciste vis à vis de la Syrie est dans l'impasse.

Bien plus pragmatiques, Russes et Américains se sont entendus pour faire baisser les tensions en trouvant un accord sur le démantèlement de l'arsenal chimique syrien.

Alors que début septembre, j'émettais les plus grandes réserves quant aux chances de succès d'une telle aventure militaire (lire ici), la situation sur le terrain a radicalement changée.

Les groupes islamistes Front al-Nosra ou encore l’État islamique en Irak et au Levant largement financés par l'Arabie Saoudite et le Qatar prennent le dessus sur l'Armée Syrienne Libre (ASL). Cette dernière nationaliste laïque et modérée est à l'origine du mouvement d'insurrection armé contre le régime de Bachar al-Assad.

Alors que jusqu'à présent elle comptait sur ces multiples groupes pour soutenir son combat contre l'armée syrienne, l'ASL tend à se marginaliser sur le terrain au profit de ces groupes.
Ces derniers sont d'ailleurs rejoints par des déserteurs de l'ASL. Les groupes djihadistes sont mieux armés et peuvent compter sur les largesses des pays du Golfe pour payer les soldes de leurs combattants.

Les menaces de fourniture d'armements au profit de la rébellion maintes fois répétées par François Hollande risquent de ne jamais se concrétiser.
Sauf à finalement soutenir des groupes qui multiplient enlèvements de villageois et exécutions sommaires, et instaurent des tribunaux islamiques dans les zones qu'il contrôlent.

 

mardi 10 septembre 2013

Évasion fiscale, le hold-up du siècle : le documentaire incontournable d'Arte

le jeu du parfait fraudeur


L'évasion fiscale, c'est 1.000 Milliards d'euro chaque année dans l'Union Européenne, 50 Milliards en Allemagne, 80 Milliards en France, un total estimé entre 21.000 et 31.000 Milliards de dollars dissimulés dans les paradis fiscaux.

Ce mardi 10 septembre à 20h50, Arte propose le documentaire de Évasion fiscale, le hold-up du siècle de Xavier Harel.

Sous la forme d'un thriller économique, ce journaliste nous fera découvrir la réalité de ce monde économique où se croisent juristes, banquiers et multinationales dont le seul objectif est de distraire de l'impôt des dizaines de milliards d’euros ou de dollars qui devraient être versés aux États.

On y croisera bien sûr des dirigeants de multinationales confrontés à leurs mensonges ou des banquiers "vertueux" qui contribuent tranquillement à ce pillage. On pourra voir cet immeuble de quatre étages des îles Caïmans qui héberge 18.000 sociétés.

A l'heure de la lutte déclarée contre l'évasion fiscale et du fameux "Les paradis fiscaux, c'est terminé" clamé par Nicolas Sarkozy, le documentaire nous ramène à la réalité d'un scandale qui se poursuit grâce à la complicité ou à l'inaction du monde politique et finalement, l'inaction de nous citoyens.



A voir ou revoir en Replay pendant 7 jours : Évasion fiscale, le hold-up du siècle

A noter, toujours sur le site d'Arte, un dossier complet y compris un " jeu interactif du parfait fraudeur " (voir illustration ci-dessus).

vendredi 6 septembre 2013

Syrie : l'intervention américaine sera-t-elle financée par les pays arabes ?

Le Secrétaire d'État John Kerry lors des auditions à la Chambre de Représentants

Pendant que Barak Obama participe au sommet du G20 en Russie, John Kerry en qualité de Secrétaire d'État (chef du département d'État chargé des affaires étrangères) poursuit les auditions à la Chambre des Représentants (la chambre basse du Congrès fédéral) pour tenter de convaincre les représentants du bien-fondé d'une intervention en Syrie.

Interrogé sur l'implication et le soutien des pays arabes (comprendre les pays arabes qui soutiennent les rebelles syriens et pas la Ligue Arabe, ni l'ensemble des pays arabes) par Ileana Ros-Lehtinen représentante républicaine de Floride, John Kerry a révélé que "les pays arabes" avaient proposé de prendre en charge l'intégralité des coûts engagés par les forces armées américaines pour renverser le régime de Bachar al-Assad.

A noter que lors de ces auditions, il n'est plus seulement questions de frappes (strikes en anglais) comme initialement envisagées mais d'invasion. Cette possibilité d'invasion a d'ailleurs été corroboré par Le Canard Enchaîné, le journal d'information satirique révélant dans sa dernière édition qu'un groupe de débarquement de 800 marines étaient d'or et déjà présent en Mer Méditerranée orientale.

Le financement de l'Armée Américaine par une coalition de pays arabes sunnites est d'autant plus troublant que cette offre de financement (comme une vulgaire troupe de mercenaires) n'a pas été repoussée par le même John Kerry. (" That offer is on the table.").

Alors que François Hollande reste ancré sur ses propres certitudes, le Congrès Américain reste dans l'expectative quant à la réussite d'une telle invasion, son coût humain et même sur l'intérêt même de renverser Bachar al-Assad, un chef d'État ennemi des États-Unis flirtant souvent avec la ligne rouge mais bien souvent prévisible et mesuré pour le remplacer par des groupes islamistes imprévisibles et dangereux.

Barak Obama risque bien de revenir bredouille de Saint Petersbourg où il n'a pas réussi à faire fléchir la position de Vladimir Poutine.
A son retour, il devra aussi faire preuve de beaucoup de conviction pour convaincre un Congrès pour l'instant peu disposé à s'engager plus en avant dans l'aventure syrienne.

 

lundi 2 septembre 2013

Syrie Hollande isolé et à la remorque d'Obama



Vous avez sans doute remarqué qu'il y beaucoup de prises de position sur les blogs quant à l'annonce d'une intervention militaire française en Syrie. Avec beaucoup d'interrogations quant à cette intervention qui ne fait pas consensus et semble peu motivée eu égard aux nombreuses questions soulevées.

Il y a ceux qui doutent : ici ou encore . D'autres ont moins de précautions et s'en remettent à François Hollande.

Pourtant, François Hollande n'a jamais autant isolé. Pour fois, François Hollande aurait pu être en rupture avec les us et coutumes de la Ve République dont les barbouseries de la Françafrique ne sont pas des moindres.

Mal conseillé diplomatiquement, François Hollande est désormais en première ligne dans l'attente du feu vert de Barack Obama lui-même à la merci du Congrès US qui lui est peu favorable.

Mal conseillé politiquement, il reste dans la posture de celui qui veut absolument habiter la fonction au risque de se retrouver dans la position de son prédécesseur l'obni-gesticulant Nicolas Sarkozy. Chercher à tout prix être un président omniscient, maître du destin militaire d'un pays hors de tout contrôle parlementaire (il devra rendre des comptes à postériori devant le Parlement)selon un usage suranné de la Ve République est une erreur. Car il a le temps. Celui du temps de la décision américaine.
Le temps de s'exprimer devant le Parlement et de laisser les parlementaires débattre. S'il doit faire volte-face, il pourra ainsi à l'imputer aux atermoiements du Parlement, Gauche et Droite réunies.

Il est aussi mal conseillé militairement. L'effet de surprise ne jouera pas en sa faveur. Les forces gouvernementales syriennes attendent les frappes de pied ferme et sont prêtes à répliquer avec leurs batteries Pantsir-S1 de fabrication russe.


Bref une occasion ratée pour un François Hollande bien mal entouré.

vendredi 30 août 2013

Au moins une raison pour ne pas intervenir militairement en Syrie

Au moment où j'ai décidé de répondre au billet de Romain Blachier intitulé "Une raison d'intervenir en Syrie", la Chambre des Communes du parlement britannique s'est clairement prononcé contre toute participation à une intervention armée en Syrie par 285 voix contre 272.
Même si je trouve ce billet bien rédigé et argumenté, je ne suis pas d'accord sur la nécessité de cette intervention.

Une intervention à reculons
Notre principal partenaire européen, l'Allemagne s'est déjà clairement prononcé contre toute intervention. Même la position américaine est loin d'être claire. Faute d'aval du Congrès, le président Obama est resté très vague voire indécis.
Au Moyen Orient, à l'exception d'Israël qui a toujours voulu abattre le régime syrien, les Américains sont très isolés. Ainsi, le général Abdel Fattah al-Sissi, nouvel homme fort de l'Égypte a annoncé vouloir fermer le Canal de Suez.

Et sur le terrain
La situation sur le terrain est loin d'être claire. Faute d'être décisive et unanime, la "Révolution Syrienne" s'est vite muée en guerre civile avec un fort facteur confessionnel (comprendre sunnites contre chiites).
Et comme toute guerre civile, c'est depuis des mois la logique du pire qui prévaut, celle qui veut qu'on trucide son voisin avant qu'il ne vous trucide. Comme en ex-Yougoslavie ou au Rwanda. Une situation où n'existent plus que bourreaux et victimes, avec leurs lots d'exactions respectifs.


Différents niveaux d'enjeux
Sur le terrain, la situation est loin d'être claire. La rébellion s'est certes imposée dans de nombreuses régions mais on se rend vite compte que les zones contrôlées par les rebelles recouvrent les zones d'implantation de la population sunnite. Zones qui ne cessent de se réduire, les troupes gouvernementales ne cessant de gagner du terrain. Les troupes de la rébellion paient leur division avec des éléments extrémistes qui essaient de prendre le dessus sur un frange plus modérée et ce malgré le soutien important du voisin turc, du Qatar et de l'Arabie Saoudite. 
Car au-delà des enjeux locaux, il y a des enjeux régionaux à commencer pour Israël, ennemi héréditaire du régime bassiste qui souhaite un affaiblissement durable de la Syrie, et occupe d'ailleurs depuis 1967 le plateau du Golan (annexé unilatéralement en 1981).
Mais les deux grands blocs soutenant les belligérants sont d'un côté un bloc chiite soutenu par l'Iran, en partie l'Irak, et les milices libanaises du Hezbollah et de l'autre un bloc sunnite mené par la Turquie de Recep Tayyip Erdoğan, l'Arabie Saoudite et le Qatar, ces deux derniers pays se livrant à une lutte interne pour la maîtrise d'un leadership régional.
Enfin, se dessine une confrontation Est-Ouest avec d'un côté le bloc atlantiste mené par les États-Unis et de l'autre la Chine et le Russie. A noter que cette dernière est particulièrement engagée en Syrie avec des facilités portuaires en Mer Méditerranée (une des rares dont dispose la Marine Russe), la présence de nombreux conseillers militaires et aussi le principal fournisseur de matériel militaire.


Quelle intervention ?
L'intervention envisagée est une intervention à distance avec des frappes aériennes depuis les bases occidentales de Turquie et du Golfe Persique ou à partir de navires stationnés en Mer Méditerranée. On parle de 40 cibles définies par la Rébellion, situées dans des zones assez peuplées.
On connaît l'extrême inefficacité de ce genre de frappe largement mises en œuvre en Afghanistan avec le résultat qu'on connaît, et des risques de "dommages collatéraux" difficilement évaluables.
Toute intervention militaire n'est pas sans danger pour les forces d'une éventuelle coalition menée par les États-Unis. L'Armée Syrienne est équipé de matériel moderne dont au moins 36 batteries Pantsir-S1 de fabrication russe, et donc une capacité de riposte sol-air non négligeable dont l'aviation turque a déjà les frais en juin 2012.
Toute intervention serait donc très limitée et à risque.

Les rodomontades de François Hollande qui n'ont pas de sens tant il est à la remorque de la volonté et des moyens militaires américains ne changeront pas le caractère particulier du conflit L'issue ne peut plus venir que d'une solution négociée et ce malgré les pires exactions qu'elles viennent des milices du régime ou des groupes islamistes.

Exactions qui sont comme le rappelle Romain Blachier d'autant plus insupportables que nous en sommes chaque jour réduits au simple statut de spectateurs impuissants.

lundi 22 juillet 2013

L'appel du Collectif Retraites 2013 (Pas un trimestre de plus, pas un euro de moins !)

Alors que le gouvernement socialiste s'apprête à réformer de manière plus restrictive l'accès à la retraite en l'axant sur l'allongement de la durée de cotisation,  se met en place le collectif Retraites 2003 qui refuse un simple ajustement comptable mais propose une véritable réflexion sur le travail et la solidarité inter-générationnelle.

Voici l'intégralité du texte de cet appel :

" Lors de la Conférence sociale du 20 juin, François Hollande a annoncé que, dans le cadre de la prochaine réforme des retraites, l’allongement de la durée de cotisation sera « la mesure la plus juste » face à « cette chance formidable qu’est l’allongement de l’espérance de la vie ». Cette voie n’est pas acceptable. Les réformes de 1993, 2003, 2007 et 2010 ont déjà réduit les droits à pensions de plus de 30 %, en aggravant les inégalités déjà fortes entre les pensions des femmes et celles des hommes. Elles doivent donc être remises en cause.
Refusons les régressions sociales
« On vit plus vieux, il faut donc travailler plus longtemps », tel est l’argument qu’on nous rabâche. Mais on oublie de préciser qu’augmenter la durée de cotisation, c’est en réalité programmer la baisse des pensions. Baisse immédiate pour tous ceux – chaque année plus de la moitié des nouveaux retraités – qui passent directement du chômage, ou de l’inactivité, à la retraite, et qui ne pourront jamais atteindre cette durée. Baisse à venir pour les nouvelles générations entrées plus tard dans la vie professionnelle du fait de l’allongement des études et qui connaissent déjà un chômage massif, aggravé par l’incitation faite aux seniors qui le peuvent de prolonger leur activité. On oublie aussi de rappeler que l’allongement de la durée de cotisation et la décote pénalisent plus fortement les personnes aux carrières courtes, en majorité des femmes. L’espérance de vie augmente, mais l’espérance de vie en bonne santé, elle, diminue depuis plusieurs années. La souffrance au travail se développe, de nouvelles pathologies apparaissent. Les plus dures années au travail sont entre 60 et 65 ans. Les meilleures années de la retraite sont entre 60 et 65 ans. L’allongement de la durée de cotisation, c’est la double peine. Nous ne pouvons pas l’accepter.
L’austérité sans fin est suicidaire
Le gouvernement justifie cette nouvelle réforme par l’allongement de la durée de vie. Mais le déficit actuel ne doit rien au vieillissement de la population. Il s’explique par la récession qui se creuse en Europe, détruit des millions d’emplois et diminue les cotisations sociales induites par l’emploi. Cette récession provient essentiellement des politiques de réduction des dépenses publiques et de baisse du « coût du travail » menées partout en Europe par les gouvernements en accord avec la Commission. Si, comme cela semble être le cas, le gouvernement inscrit la réforme dans le cadre de ces politiques, il ne pourra que retenir des pistes entraînant une nouvelle baisse du niveau des pensions. Ce qui diminuerait encore le pouvoir d’achat des retraités, aggraverait la récession et entraînerait une nouvelle hausse du chômage. Sans qu’au bout du compte les déficits ne soient  réduits !
Il est possible de faire autrement
L’augmentation de l’espérance de vie ne date pas d’aujourd’hui. Par le passé, elle s’est accompagnée d’une diminution du temps passé au travail et d’une amélioration du niveau de vie, grâce à un partage de la richesse produite. C’est à nouveau la voie à suivre.
Pour augmenter le volume des cotisations sociales, il faut en finir avec l’austérité, relancer l’emploi par une réduction du temps de travail, une sécurisation de l’emploi, de la formation et du revenu, une augmentation des minima sociaux, une politique audacieuse d’investissement en matière sociale et écologique. Une voie supplémentaire, toujours négligée, pour répondre au besoin de financement des retraites, est la réalisation de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, à la fois par l’accroissement du taux d’activité des femmes, la suppression des inégalités salariales et la lutte contre le temps partiel subi. Il s’agit là de choix politiques de justice et de solidarité.
Il y a plus de retraité-es ? A moins de décréter leur paupérisation, il est normal de financer leurs retraites en augmentant leur part dans la richesse produite. Selon le Conseil d’orientation des retraites, il faudrait, à législation inchangée, un point de PIB supplémentaire en 2020 pour équilibrer le système de retraite alors que la part des salaires a chuté d’environ 6 points au cours des dernières décennies en faveur des dividendes.
Pour une large mobilisation citoyenne
La question des retraites pose celle de la société dans laquelle nous voulons vivre. La retraite à 60 ans par répartition n’est pas un fardeau, elle est une transmission continue et solidaire de la prise en charge d’une génération par la suivante. C’est pourquoi elle dépend aussi de l’avenir que la société sera capable d’offrir aux jeunes générations. Nous ne pouvons accepter la paupérisation programmée des futurs retraité-es, la destruction des solidarités sociales, l’idéologie absurde du « travailler toujours plus » dans une société productiviste et inégalitaire. Cet engrenage favorise l’extrême droite et menace à terme la démocratie. Comme en Europe du Sud et dans bien d’autres pays du monde, la société doit se mettre en mouvement. Pour y contribuer nous organiserons partout des réunions, des initiatives de rue, des ateliers d’éducation populaire et nous soutiendrons les initiatives prises par le mouvement syndical. Nous voulons un système de retraites solidaire. Pas un trimestre de plus, pas un euro de moins !

Retrouver le site de l'appel

Premiers signataires

Signataires de l'appel

samedi 20 juillet 2013

Bon et maintenant on fait quoi à Gauche pour le monde du travail ?


Quand le monde du travaille désespère de l'alternative à gauche ?

 On a beaucoup spéculé sur les conditions de l'envolée du Front National et les défaites des partis de gauche aux dernières élections partielles.

Cependant, il ne faut pas se voiler la face. Il y a une véritable désespérance du monde du travail. Certes, les conditions économiques sont difficiles et les marges financières sont étroites. Mais pour autant, on peut se demander si les divers partis de la Gauche plurielle, leurs représentants politiques et l'actuel gouvernement savent encore tenir un discours cohérent, audible et acceptable pour une large partie de l'électorat naturel et traditionnel de la Gauche.

Une véritable question qui dépasse les enjeux étriqués de la politique politicienne et concerne les mutations actuelles et à venir de notre système politique.

vendredi 12 juillet 2013

La tentation du gaz de schiste

Carte des titres miniers d'hydrocarbures au 1er juillet 2012


Quelques jours après le limogeage de Delphine Batho, Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif revient à la charge sur l'exploitation des gaz de schiste. Je ne reviendrais pas sur les aspects polémiques fort bien exposé sur A perdre la Raison en réponse au billet de Juan.

Même s'il existe actuellement un consensus mou autour du principe de non-exploitation en France des gaz de schiste, il n'en demeure pas moins qu'il y a une forte tentation de parvenir à court ou moyen terme à une levée partielle ou totale de ce moratoire.
Les industriels de la prospection ne l'entendent pas autrement et d'ailleurs, ils sont déjà sur la ligne de départ comme en témoigne les permis d'exploitation visibles sur les cartes géologiques du Ministère de l'Écologie, du Développement Durable et de l'Énergie. On peut compter sur eux et leur puissance de lobbying pour pousser dans ce sens.

La tentation politique reste grande d'autoriser ce type d'exploitation afin de retrouver comme aux États-Unis de la croissance, voire de booster une croissance désormais structurellement faible dans les pays occidentaux.
Si l'opinion est actuellement majoritairement opposée à l'exploitation des gaz et huiles de schiste,  ce type d'exploitation risque de revenir bien plus vite que prévu.
Par exemple, elle peut revenir à la marge au travers de permis d'expérimentation de techniques supposées non polluantes.
C'est ce genre de manipulation qui avait été tenté pour l'introduction des techniques OGM en France. Le mot "expérimentation" est désormais le sésame pour introduire des mesures ou des techniques contreversées, sachant que la fameuse expérimentation ne sera jamais évanuées et ne fera jamais l'objet d'un débat contradictoire.
Et il y aura toujours des comités scientifiques pour attester qu'une technique utilisée est non polluante voire éco-compatible. 
Comme je le disais sur un commentaire posté chez Juan : 

"Officiellement, l’exploitation des gaz de schiste par fragmentation hydraulique est sûre et non polluante aux États-Unis. Parole d’experts et de scientifiques…"

Dans l'immédiat, je vous recommande de regarder Gasland actuellement visible sur Arte+7.


vendredi 5 juillet 2013

Drame de l'assistanat

" Ce qui mine la société française, ce n'est pas l'élitisme, c'est l'égalitarisme, le nivellement, l'assistanat... "
Nicolas Sarkozy (Entretien à Paris-Match, 23 mars 2006)


Page Facebook de Nicolas Sarkozy

jeudi 4 juillet 2013

L'après Villeneuve-sur-Lot

Les résultats des premiers tours sur la 3e Circonscription du Lot en 2012 et en 2013


Cette élection a été bien sûr largement commentée dans la presse mais aussi sur les blogs, en particulier sur les Left-Blogs.

J'ai lu beaucoup d'articles et de commentaires. Il y a parfois des avis très tranchés, des positions bâties sur des principes inamovibles, d'autres plus pragmatiques.

Un débat fertile qui n'est pas sans m'inspirer quelques réflexions à loi, contemplateur de la vie politique et aussi par un travail militant, (modeste) acteur de cette vie politique.



A chaud, cette élection est un double-choc pour la Gauche. Un premier choc suite à l'affaire Cahuzac qui a ouvertement menti à ses amis politiques et à l'ensemble de l'Assemblée Nationale. Et un deuxième choc avec l'élimination à l'issue du premier tour du candidat socialiste au profit du Front National en pleines terres roses.



Gauche sanctionnée

Le Parti Socialiste a été clairement sanctionné et c'est normal. Jérôme Cahuzac par ses mensonges répétés puis par sa confession a très largement discrédité une formation qui avait fait de l'assainissement de la vie politique un objectif majeur.

C'est une sanction très dure pour de nombreux socialistes qui se sont ouvertement engagés dans cette voie, luttant pour faire évoluer les choses en interne ce qui est loin d'être facile. Parité, non-cumul des mandats, lutte contre les conflits d'intérêts, publication de l'utilisation des cagnottes parlementaires, transparence... les choses progressent pourtant, sans doute pas assez vite mais elles vont dans le bon sens. Bien plus que dans d'autres partis qui persistent à approuver des pratiques que désormais, une grande majorité des Français réprouvent.



La Gauche désunie, Front en embuscade

Le Front National a bouleversé la donne électorale. Son électorat traditionnellement situé à la droite de la droite, s'est depuis bien longtemps élargi, avec un large écho dans les classes populaires qui ont depuis très longtemps abandonné les partis dit ouvriers. Le FN est aussi celui des désabusés d'une démocratie qui estiment-ils les a depuis longtemps abandonnés. Et aussi, c'est le recours du vote sanction, avec des électeurs qui prennent le temps de voter pour lancer un signal aux partis traditionnels. Cette lente progression n'a été possible qu'avec la mutation de notre société tant d'un point de vu économique que sociologique. Le FN excelle électoralement dans les zones économiques faibles ou isolées, dans les territoires où se manifestent de profonds déséquilibres.

La présence du Front National et son poids électoral met fin au système des deux camps, Gauche et droite, dont les composantes jouaient en solo au premier tour puis rassemblaient leurs forces respectives au second tour.
Ce schéma est désormais fini et les composantes de la Gauche (PS, PC, PG, PRG, EELV) doivent désormais y réfléchir. Soit elles persistent à jouer en solo au premier tour avec le risque grandissant d'élimination à l'issue de ce premier scrutin, soit elles réfléchissent à des accords locaux ou nationaux permettant de se rassembler sur des candidats uniques.
Un tel accord aurait permis de sauver la 3e circonscription du Lot-et-Garonne et la sauver d'un arbitrage hasardeux entre droite et Extrême-Droite (voir chiffres ci-dessus).



Le Front Républicain
Il ne faut hésiter à le dire : le Front Républicain est une invention de partis de gauche qui ne sert qu'à favoriser la Droite classique confrontée à l'Extrême-Droite. D'ailleurs, on remarquera que la réciproque n'est souvent pas systématique, la Droite classique refusant d'appeler au Front Républicain et préférant laisser le choix aux électeurs.
Et en cela, je comprend ceux qui ont choisi de ne pas se prononcer entre deux candidats de droite au second tour, entre des candidats d'une Extrême-Droite dont on connaît les valeurs et une Droite classique qui lorgnent de plus en plus sur les bonnes recettes frontistes.
On se rappelle aussi de ce qu'a fait Jacques Chirac de ses 82,21 % du second tour de 2002 : les électeurs de gauche ont finalement avec les gouvernements Raffarin et le trublion Nicolas Sarkozy chèrement payé leur ralliement à Jacques Chirac. 
D'un autre côté, il faut assumer le fait de laisser le loup dans la bergerie, c'est à dire avoir des élus frontistes avec toutes les conséquences de cette absence de choix. C'est un choix qu'ont fait 5.624 électeurs de la 3e circonscription du Lot-et-Garonne (15 % des votants) au second tour.
Le Front Républicain peut être proclamé par les états-majors mais finalement, cela reste une décision personnelle de l'électeur.
 

Une élection, aussi un phénomène local

Excepté pour les élections présidentielles et pour les Européennes, le sort des élections se fait souvent localement, pour les élections des élus des collectivités locales mais aussi pour les élections législatives qui constituent un scrutin de circonscriptions. Outre les aspects de politique nationale, ces élections revêtent un aspect local avec des électeurs qui doivent se prononcer sur des candidats qu'ils connaissent et côtoient régulièrement. Cela explique même certaines aberrations avec des électeurs qui votent pour un candidat de droite pour une élection et pour un candidat de gauche à une autre élection tout en estimant leurs choix cohérents.
Là encore, l'appréciation du candidat est aussi une question de convictions personnelles et d'adhésion ou de non-adhésion aux candidats, qui échappent aux calculs des états-majors parisiens et des pronostiqueurs professionnels et même aux fines analyses de Julien Dray.

Villeneuve-sur-Lot est un choc mais cette élection reste un indicateur. Le véritable choc serait l'échec total du mandat de François Hollande : si après Sarkozy, Hollande échoue, il ne restera plus que le Front National.
La Gauche, les Gauches n'ont pas le droit à l'échec.

samedi 29 juin 2013

Mélenchon voyage sur Air Grande Gueule

C'est un post un peu facile sur lequel il est facile de faire du flux et pour lequel je vais sans doute me faire taper les doigts.

Mais vraiment, Jean-Luc Mélenchon est un bon client. Et quand il déclare au salon de l'aéronautique du Bourget :
"Moi, quand je voyage, je voyage en classe affaires. J'ai passé l'âge d'aller me faire briser le dos à la classe économique."
...cela me fout hors de moi ! Merde quoi ! A quoi joue-t-il ? Alors que le vote Front National progresse à vitesse galopante au sein des classes populaires, vivier historique des partis ouvriers et que la tactique ouverte de clivage du Front de Gauche n'a aucun résultat (voir les résultats des dernières élections), voilà notre chevalier blanc de la Gauche qui en remet une couche.
Il est dans son droit de préférer la classe affaire à la classe économique, pour une question de confort ou tout simplement pour pouvoir travailler pendant ses déplacements.
Mais de là à le déclarer et le revendiquer publiquement, il y a un pas que n'hésite pas à franchir Mélenchon, histoire de faire une petite phrase qui va faire le buzz.
Cependant, quand on est chef d'un parti ouvrier censé relayer les revendications et les difficultés des français les plus touchés par la crise et les mutations économiques et sociales, on évite ce genre de saillies intempestives qui accréditent le crédo frontiste du "tous pourris".

A moins que la grande tactique sous-jacente soit de pousser encore plus d'électeurs vers les filets nauséeux  frontistes... Jean-Luc Mélenchon et tous les leaders de la gauche ont des responsabilités car désormais, ils sont aussi bien jugés sur leurs actions que sur leurs comportements, ce qu'on appelle la gouvernance.




Illustration : l'excellent Tropical Boy



lundi 24 juin 2013

L'affaire Tapie s'emballe : Nanard convoqué par la Justice

 
Inconnu manquant au casting


Jean Peyrelevade, ex-président du Crédit lyonnais, de 1993 à 2003 s'est confié aux Échos et estime qu'à propos de l'affaire de l'arbitrage controversé rendu en faveur de Bernard Tapie, que désormais rien ne pourra arrêter la justice.

Il donne d'ailleurs son sentiment sur cette affaire et sur l'omerta qui l'entourait :

"En tant que président du Crédit lyonnais de 1993 à 2003, je connais assez bien ce dossier et, depuis de nombreuses années, j'avais la conviction qu'il s'agissait d'une conspiration. Mais je parlais dans le désert et j'estimais la partie presque perdue. Tout a changé depuis quelques semaines".
et d'ajouter que :
"La thèse du vol par le Crédit Lyonnais n’a jamais été démontrée – et pour cause – et pourtant, pendant toutes ces années, M. Tapie a réussi à installer sa vérité dans l’opinion publique, chez certains politiques et journalistes, et même à certains moments parmi les responsables du CDR, la structure chargée de gérer le passif du Crédit Lyonnais."
Les divers acteurs sont tour à tour convoqués et confondus dans cette affaire qui est désormais qualifiée par la Justice d'"escroquerie en bande organisée".

Alors qu'il est question de mettre en examen Bernard Tapie, principal bénéficiaire de l'arbitrage, il semble que le rôle décisif d'un certain décideur politique n'ait pas encore fait l'objet d'un examen approfondie.

Toutefois, il ne faut pas préjuger de la suite de cette instruction qui avance désormais à grands pas. 

samedi 22 juin 2013

Nicolas B. joue et perd

Nicolas B. c'est Nicolas Bernard-Buss, militant anti-mariage homosexuel et cadre fondateur du mouvement des "Veilleurs". 


Il a été condamné, mercredi 19 juin, à quatre mois de prison dont deux avec sursis, pour rébellion et fourniture d'une identité imaginaire, et à une amende de 1 000 euros pour refus de prélèvement de son ADN et de ses empreintes.Il dort désormais à la prison de Fleury-Mérogis.

Il est bien sûr soutenu par la désormais classique clique d'élus et personnalités réactionnaires de service Charles Beigbeder, Béatrice Bourge, Christine Boutin, le Général Bruno Dary, Chantal Delsol,  Jean-François Legaret, Charles Millon ou encore Philippe de Villiers. 

Cette nébuleuse catholique-réactionnaire veut faire passer Nicolas Bernard-Buss pour un héros sacrifié injustement puni par la "Dictature Socialiste", le premier prisonnier politique, un grand délire de persécution politique dans lequel une certaine légitimité, leur légitimité serait supérieur à la légalité des lois.
 
Car, il ne faut pas se méprendre. Nicolas Bernard-Buss n'a pas été condamné par une autorité politique mais bien par un juge au sein d'un tribunal et dans le cadre des règles légales.

Il aurait pu être jugé dans une des deux chambres dédiées aux comparutions immédiates où la justice se pratique à grande vitesse, enchaînant les dossiers et les prévenus, où il n'est pas rare que les naufragés de la société se prennent en dix minutes chrono 6 mois ou 3 ans fermes, avec un avocat commis d'office qui a survolé le dossier en 5 minutes, sans expertise psychiatrique, ni même la présence des plaignants même pas convoqués pour l'occasion.
Non, il a été condamné par la 16e chambre, spécialisée dans les dossiers de stupéfiants et proxénétisme, qui venait d'être libérée suite à l'annulation procès de l'affaire Zahia. 

Si quelqu'un est bien responsable de l'incarcération de Nicolas B. c'est bien Nicolas B. : il était déjà passé en comparution immédiate, le 28 mai, à la suite d'une manifestation non autorisée sur les Champs-Élysées et avait alors été condamné à 200 euros d'amende avec sursis pour non-dispersion d'un rassemblement non autorisé, entrave à la circulation et aussi fourniture d'identité imaginaire, condamnation pour laquelle le Parquet a fait appel.
Et voilà, qu'il se pointe à peine 15 jours plus tard, avec la même morgue, le même sentiment d'impunité surfant sur la confusion entre légitimité et légalité.

Comme le subodore Gilles Devers sur son blog Actualités du droit :
Un jeune homme en prison, pour une courte peine, c’est une décision lourde, mais c’est du quotidien, et surtout, c’est l’application de la loi. Une fin de manif qui part en sucettes, des accrochages avec les flics et des attitudes d’insubordination face aux forces de l’ordre,… un vieux film, et ce n’est pas la première fois que ça se finit avec de la prison ferme. Ce qui est plus inhabituel, c’est le mandat de dépôt immédiat. Mais je subodore que l’attitude à l’audience n’a peut-être pas été au niveau de ce que doivent être les relations dans un Palais de Justice. Le tribunal, expérimenté, doit jauger la situation pour voir où le prévenu en est dans son rapport à la loi, et a priori les réponses ont été un peu décevantes… 
Le Justice est passée sans doute sévèrement mais bien moins que ce que prévoit la loi pour le seul chef d'accusation de rébellion :  1 an d'emprisonnement et de 15000 euros d'amende.

Nicolas B. n'est pas un héros, ni un prisonnier politique. Mais un militant contre la mariage pour tous pas très malin et un peu buté qui a confondu légitimité et légalité de ses actes.

vendredi 14 juin 2013

Chroniques de l'intolérance : l'Affiche censurée


Je ne vais pas m'étendre trop longtemps sur les circonstances de cette affiche pour le film "L'inconnu du Lac" du réalisateur Alain Giraudie.

Ce film qui se présente comme un "thriller gay" a obtenu le Prix de la mise en scène, Un Certain Regard au Festival de Cannes 2013.

Suite à des plaintes l'Affiche a été retirée dans les villes de Versailles et Saint-Cloud : cachons ce baiser que nous ne saurions voir !
Bien sûr, les responsables politiques de Versailles nient toute censure et renvoient à la régie publicitaire, JC Decaux qui elle affirme avoir agi sur demande des deux municipalités concernées.
Le mot censure est bien évité mais ce retrait est bien la conséquence de demandes répétées d'habitants de ces deux villes pour lesquels un simple échange de baiser entre deux hommes semble inacceptable.

Les réseaux sociaux sont vite entrées dans la discussion avec hélas un franc refus de l'homosexualité (ce n'est jamais de l'homophobie !).

L'imagination ou la perspicacité de pourfendeurs d'affiche va très loin avec cette fulgurance d'un commentateur qui dénonce l'immoralité d'un scène de fellation dûment affichée !
Est-ce une lente cécité visuelle qui m'atteint ou un reste de candeur juvénile mais j'ai mis beaucoup de temps à trouver la scène incriminée.

Vous aussi, saurez-vous la retrouver ?



Les Versaillais et les Clodoaldiens (habitants de Saint-Cloud) sont décidément bien habiles à traquer les comportements homosexuels. 
Encore une petite manif' pour tous pour le fun ?