lundi 14 octobre 2013

Brignoles : comment l'UMP a flingué le Front Républicain

"Depuis la fin du XXe siècle, le terme de « front républicain » désigne le rassemblement des partis politiques à une élection pour faire barrage à une victoire du Front national (FN) 1. Son utilisation la plus célèbre a lieu lors de l’élection présidentielle de 2002, où la quasi-totalité des partis politiques appellent à voter Jacques Chirac au second tour du scrutin pour que Jean-Marie Le Pen ne soit pas élu..."

Telle est la définition que donne Wikipedia pour le Front Républicain tel que nous le concevons en ce début de 21e siècle.

Ce principe a donc volé en éclat ce dimanche à Brignoles. Chacun va donc se féliciter ou accuser l'autre. La première perdante est l'ensemble de la Gauche y compris la "vrauche" chère à Jean-Luc Mélenchon. 

Mais c'est aussi le cas de la Droite qui porte la responsabilité d'avoir fait éclater ce principe de Front Républicain qui a fait ses preuves pendant une décennie, endiguant ainsi le Front National.

A cela, je vois deux raisons :

- la droite classique majoritairement incarnée par l'UMP mais aussi par quelques centristes et indépendants a depuis les années 2010-2011 peu à peu remis en question le principe de Front Républicain sous prétexte que le Parti Socialiste n'hésitait pas à s’allier avec l’extrême gauche. En renvoyant dos à dos extrême-droite et extrême-droite, la Droite a ainsi contribué à fausser la réciprocité qu'impliquait le Front Républicain. 
Après la défaite de Villeneuve-sur-Lot, je déplorais en juillet dernier que "le Front Républicain est une invention de partis de gauche qui ne sert qu'à favoriser la Droite classique confrontée à l'Extrême-Droite".
Ainsi, les électeurs du canton de Brignoles y compris les électeurs de gauche n'ont pas oublié que sur cette même élection cantonale (cela fait la troisième que les électeurs votent après deux annulations !)en 2012 l'UMP s'était gardée de demander à ses électeurs de voter pour le communiste Claude Gilardo opposé à un candidat FN.

- la droite classique UMP sous l'influence de Nicolas Sarkozy et de son aile droite décomplexée et populiste a de plus en plus contribué à effacer les frontières entre droite classique et Front National. Croyant pouvoir chasser en toute impunité sur les terres frontistes en flirtant avec les idées d'extrême-droite, la Droite s'est ainsi lepénisée. Cette lepénisation prédite en 1997 par Robert Badinter est désormais acquise pour une partie de la droite. Ce phénomène est encore plus accentué dans les régions comme la région PACA où la droite est ouvertement en concurrence directe électoralement mais aussi idéologiquement avec le parti Frontiste.

Malgré les dénégations de Jean-François Copé, il s'agit aussi d'un très mauvais week-end pour l'UMP, et aussi pour la démocratie dans notre pays.



Pour info :

Résultats élection cantonale partielle de Brignoles :

2nd Tour :

Inscrits : 20 728
Abstentions : 10 739 (51,81 % !)
Votants : 9 989 (48,19 %)
Blancs et nuls : 657 (!)
Exprimés : 9 332

Laurent Lopez (FN) 5 031 voix (53,91 %)
Catherine Delzers (UMP) 4 301 voix (46,09 %)

1er Tour

Inscrits : 20 728
Abstentions : 13 815 (66,65 % !)
Votants : 6 913 (33,35 %)
Blancs et nuls : 185
Exprimés : 6 728

Laurent Lopez (FN) 2 718 voix (40,4 %)
Catherine Delzers (UMP) 1 397 voix (20,8 %)
Laurent Carratala (PCF) 981 voix (14,6 %)
Jean-Paul Dispard 612 voix (9,1 %)
Magda Igyarto-Arnoult (EELV) 598 voix (8,9 %)
Christian Proust (DVD) 422 voix (6,3 %

lundi 7 octobre 2013

UMP ou FN au second tour : cela vous amuse ? Pas moi



Après Villeneuve-sur-Lot, c'est au tour de Brignoles. Quelques mois après le traumatisme c'est au tour du canton varois de Brignoles d'être en passe de basculer au Front National. Certes, le rapport des forces est très en faveur de la Droite Extrême avec un cumul de 49,5 % des voix exprimées.

Las encore, il aurait été possible de qualifier de justesse un candidat de gauche au second tour. Mais la désunion (candidature PCF et candidature EELV) a là encore fait le fruit de la Droite et de l'Extrême Droite. Le PS avait tiré des enseignements de Villeneuve-sur-Lot en ne présentant pas de candidat et en soutenant le candidat PCF. Ce ne fut pas le cas d'EELV.

Cette défaite a provoqué la colère du PCF qui a déclaré "EELV porte la responsabilité de la seule présence de l'UMP et du FN".
La position du PCF est paradoxale car d'un côté, il fustige le Parti Socialiste en déclarant que "cette triste participation en conformité avec toutes les partielles précédentes résultait avant tout de la désespérance que la politique du gouvernement suscite chez les électeurs de gauche. C'est elle qui met le candidat du FN en position de l'emporter au 2e tour".
Et d'un autre côté, le PCF regrette la désunion à gauche.
Quant à Jean-Luc Mélenchon, il considère que "le principal pourvoyeur des voix du FN est à l'Elysée".

Comme je l'avais déjà écrit lors de l'élection de Villeneuve-sur -Lot, la Gauche s'est encore disqualifiée en raison de sa désunion.
Encore une fois, les partis de Gauche ont appelé à faire barrage au FN.(vous savez le vote républicain, comprendre un vote en faveur de l'UMP).

Les partis de Gauche doivent se poser sérieusement la question du message qu'on envoie aux électeurs de gauche et prendre une fois pour toute leurs responsabilités.

Moi personnellement, cela ne m'amuse pas de choisir entre FN et UMP... surtout quand on voit la perméabilité grandissante des idées frontiste au sein de la droite traditionnelle.



Les résultats en détail :

Inscrits : 20 728
Abstentions : 13 815 (66,65 % !)
Votants : 6 913 (33,35 %)
Blancs et nuls : 185
Exprimés : 6 728

Laurent Lopez (FN) 2 718 voix (40,4 %)
Catherine Delzers (UMP) 1 397 voix (20,8 %)
Laurent Carratala (PCF) 981 voix (14,6 %)
Jean-Paul Dispard 612 voix (9,1 %)
Magda Igyarto-Arnoult (EELV) 598 voix (8,9 %)
Christian Proust (DVD) 422 voix (6,3 %)