vendredi 30 mai 2014

Le général triste de Varsovie est mort


Wojciech Jaruzelski est mort dimanche dernier, le 25 mai 2014. Le général Jaruzelski, c'est l'homme fort de la Pologne de 1981 qui sur fond d'insurrection populaire déclare l'état de siège. Au même moment les armées soviétiques se massent aux frontières sur ordre d'un Kremlin fort mécontent de l'agitation créée par le syndicat Solidarnosc et son leader, Lech Walesa. Les souvenirs et les images sont floues (d'origine). Au vert des uniformes répond la grisaille des grandes avenues de Varsovie et la tristesse d'un pays alors muselé.
Né en 1923 et élevé au sein d'une des plus anciennes familles nobles de Pologne, peu de choses le disposait Wojciech Jaruzelski à finir dans la main de l'ogre soviétique. Son grand-père fût exilé en Sibérie pour sa participation à l'insurrection de 1863. Son père fût volontaire lors de la guerre polono-soviétique de 1920. Quant en 1940, les sovitiques envahissent la Pologne, sa famille se réfugie en Lituanie d'où elle sera finalement déportée. Le père finit au Goulag en Sibérie tandis que le jeune Jaruzelski et sa mère sont envoyés dans les Monts Altaï.
Et pourtant, il s'engage alors dans la toute nouvelle armée polonaise créée sous le contrôle de l'Armée Rouge. Il combat sur la Vistule et sur l'Oder. Après son retour en Pologne, il gravit tous les échelons au sein de l'armée, devenant chef d'état-major en 1965. En 1968, il participe à l'éviction des juifs au sein de l'armée et devient ministre de la défense. Cette même année, il participe à l'invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte de Varsovie en répression du Printemps de Prague. En 1970, il participe à la violente répression des émeutes de la Baltique.
C'est tout naturellement lui qui devient l'homme fort de la Pologne en décembre 1981, décidé à réprimer l'espoir démocratique suscité par le syndicat Solidarité.
Quant en 2007 au crépuscule de sa vie, il sera mis en accusation pour instauration de la loi martiale, le général Jaruzelski plaide que son coup d'état a évité une invasion militaire soviétique bien plus sanglante. Pour des raisons de santé, le procès n'aura jamais lieu et encore aujourd'hui, on continue de s'interroger sur le général triste de Varsovie.

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