"Depuis la fin du XXe siècle, le terme de « front républicain » désigne le rassemblement des partis politiques à une élection pour faire barrage à une victoire du Front national (FN) 1. Son utilisation la plus célèbre a lieu lors de l’élection présidentielle de 2002, où la quasi-totalité des partis politiques appellent à voter Jacques Chirac au second tour du scrutin pour que Jean-Marie Le Pen ne soit pas élu..."
Telle est la définition que donne Wikipedia pour le Front Républicain tel que nous le concevons en ce début de 21e siècle.
Ce principe a donc volé en éclat ce dimanche à Brignoles. Chacun va donc se féliciter ou accuser l'autre. La première perdante est l'ensemble de la Gauche y compris la "vrauche" chère à Jean-Luc Mélenchon.
Mais c'est aussi le cas de la Droite qui porte la responsabilité d'avoir fait éclater ce principe de Front Républicain qui a fait ses preuves pendant une décennie, endiguant ainsi le Front National.
A cela, je vois deux raisons :
- la droite classique majoritairement incarnée par l'UMP mais aussi par quelques centristes et indépendants a depuis les années 2010-2011 peu à peu remis en question le principe de Front Républicain sous prétexte que le Parti Socialiste n'hésitait pas à s’allier avec l’extrême gauche. En renvoyant dos à dos extrême-droite et extrême-droite, la Droite a ainsi contribué à fausser la réciprocité qu'impliquait le Front Républicain.
Après la défaite de Villeneuve-sur-Lot, je déplorais en juillet dernier que "le Front Républicain est une invention de partis de gauche qui ne sert qu'à favoriser la Droite classique confrontée à l'Extrême-Droite".
Ainsi, les électeurs du canton de Brignoles y compris les électeurs de gauche n'ont pas oublié que sur cette même élection cantonale (cela fait la troisième que les électeurs votent après deux annulations !)en 2012 l'UMP s'était gardée de demander à ses électeurs de voter pour le communiste Claude Gilardo opposé à un candidat FN.
- la droite classique UMP sous l'influence de Nicolas Sarkozy et de son aile droite décomplexée et populiste a de plus en plus contribué à effacer les frontières entre droite classique et Front National. Croyant pouvoir chasser en toute impunité sur les terres frontistes en flirtant avec les idées d'extrême-droite, la Droite s'est ainsi lepénisée. Cette lepénisation prédite en 1997 par Robert Badinter est désormais acquise pour une partie de la droite. Ce phénomène est encore plus accentué dans les régions comme la région PACA où la droite est ouvertement en concurrence directe électoralement mais aussi idéologiquement avec le parti Frontiste.
Malgré les dénégations de Jean-François Copé, il s'agit aussi d'un très mauvais week-end pour l'UMP, et aussi pour la démocratie dans notre pays.
Pour info :
Résultats élection cantonale partielle de Brignoles :
2nd Tour :
Inscrits : 20 728
Abstentions : 10 739 (51,81 % !)
Votants : 9 989 (48,19 %)
Blancs et nuls : 657 (!)
Exprimés : 9 332
Laurent Lopez (FN) 5 031 voix (53,91 %)
Catherine Delzers (UMP) 4 301 voix (46,09 %)
1er Tour
Inscrits : 20 728
Abstentions : 13 815 (66,65 % !)
Votants : 6 913 (33,35 %)
Blancs et nuls : 185
Exprimés : 6 728
Laurent Lopez (FN) 2 718 voix (40,4 %)
Catherine Delzers (UMP) 1 397 voix (20,8 %)
Laurent Carratala (PCF) 981 voix (14,6 %)
Jean-Paul Dispard 612 voix (9,1 %)
Magda Igyarto-Arnoult (EELV) 598 voix (8,9 %)
Christian Proust (DVD) 422 voix (6,3 %)
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