lundi 24 avril 2017

Hollande enfin seul



François Hollande est enfin seul. Son quinquennat commencé par une domination inégalée du Parti Socialiste se solde sur une défaite historique. Son mandat n'aura été qu'une suite de défaites électorales : élections municipales, sénatoriales, européennes, départementales,...défaites dont une poignée de frondeurs et des électeurs ignorants auraient été les initiateurs. Trahi par son ancien conseiller, puis poussé à ne pas se représenter par son second premier ministre, l'ancien premier secrétaire du Parti Socialiste participe à la défaite du candidat issu des primaires socialistes et à la victoire de son ancien protégé.
Il est enfin seul...

lundi 13 mars 2017

Les socialistes et En Marche : un dégoût de celui d'où naît la résistance (*)


"Lorsque les socialistes quittent le PS pour rallier la candidature de Macron, ils soutiennent un projet de droite, au prétexte qu'il est le seul à pouvoir vaincre le FN. Ce n’est pas seulement le libéralisme qui triomphe, c’est Marine Le Pen elle-même."

" Bertrand Delanoë ce mercredi matin sur France Inter, alors qu’un auditeur lui exprime sa déception après l'annonce de son ralliement à Emmanuel Macron :  «Je comprends qu’il puisse y avoir un malaise.» Non monsieur, ce n’est pas un malaise. C’est du dégoût.
À la vue de ces «socialistes», à qui l’on a fait confiance tant de fois, fuyant lâchement vers celui qui leur promet une victoire possible, quoique très hypothétique, j’éprouve le même dégoût que face à François Fillon dimanche haranguant la foule de la manif pour tous sous la pluie du Trocadéro.
Lâcheté d’un côté, obstination de l’autre, partout le même aveuglement, partout le sentiment d’assister à une tragédie trop vite écrite.
En entendant Bertrand Delanoë ce matin, j’ai pensé : Marine Le Pen a déjà gagné. Cessons d’en faire une menace comme les adolescents se font peur en regardant des films d’horreur. Ça n’est plus une menace, c’est le réel qui est le nôtre, chaque jour un peu plus.
Elle a gagné car le discours qu’elle porte a contaminé l’ensemble de la vie politique française. Elle a gagné car le seul candidat dont on nous assure aujourd’hui qu’il pourrait la battre nous explique que la gauche et la droite ne valent plus rien, qu’il faut «enjamber» les partis.
Lorsque les socialistes quittent le PS pour rejoindre En Marche, ils soutiennent un projet de droite (qui ne dit pas tout à fait son nom), au prétexte qu’il est le seul à pouvoir vaincre le FN. Ce n’est pas seulement le libéralisme qui triomphe, c’est Marine Le Pen elle-même, qui est donc à l’origine de tout ce qui se passe dans cette campagne.
Si l’on prend dès aujourd’hui conscience de ce triomphe, il n’y a qu’une chose à faire: résister. Personne n’a jamais résisté en fuyant, en faisant preuve de lâcheté, en décidant de suivre celui qui peut gagner pour la seule raison qu’il puisse gagner. On ne peut résister qu’en acceptant d’être en minorité, qu’en renforçant ses convictions les plus profondes qu’en forçant le trait, au lieu de le gommer.
Messieurs les socialistes, vous qui rejoignez Emmanuel Macron et vous qui allez le rejoindre, vous gommez toutes les convictions de gauche que votre parti, que notre pays, ont mis des siècles à fonder, vous reniez la justice sociale, le sens de la loyauté. Vous bradez la fidélité sur l’autel de la majorité. Si les temps n’étaient pas si graves, je dirais que c’est un crime électoral : vous salissez nos votes. Pourtant, je voterai PS en avril, je soutiendrai celui qui a encore le courage de se dire socialiste, et qui ne compte pas seulement sur notre peur de Le Pen pour être élu. Au premier tour en tout cas, je refuse de voter en tremblant pour le candidat en tête des sondages.
Non Monsieur Delanoë, ce n’est pas un malaise, c’est du dégoût de celui d’où naît parfois la résistance. "


(*) Tribune publiée dans Libération par Léa Veinstein philosophe et documentariste

jeudi 26 janvier 2017

Une nouvelle espèce de politiciens : les Macronlistes


Emmanuel Macron et Gérard Collomb

Avant même le second tour des primaires citoyennes, les grandes manœuvres battent leur plein au sein même du Parti Socialiste.
Suite au départ de François Mitterrand, les différents congrès du PS n'ont jamais su arbitrer, ni réconcilier les deux ailes du parti, avec d'un côté une gauche socialiste et de l'autre un centre-gauche réformateur. La notion de motion majoritaire, sorte de deal entre éléphants du PS, avait permis de sauver les apparences. François Hollande, pourtant homme d'appareil roublard et avisé (il a été premier secrétaire pendant près de onze années !), n'a su maintenir la cohésion au sein du PS pendant son quinquennat, ni même trancher, si ce n'est qu'en contribuant à placer Emmanuel Macron en orbite.

Malgré un calendrier réduit taillé sur mesure pour le président sortant, ces primaires se sont déroulées au mieux avec une bonne organisation certes perfectible et des débats d'un bon niveau et dans une atmosphère de respect mutuel.
Pour ce second tour opposant Manuel Valls à Benoît Hamon, on retrouve le clivage interne du parti, ce qui est somme toute normal.
Sans préjugé du résultats de dimanche prochain, le PS élargi à ses plus proches alliés aura un candidat officiel, celui issu de ces primaires.


Hélas, certains s'activent déjà en sous-main prêts à refuser le verdict populaire pour aller rejoindre et soutenir Emmanuel Macron comme si on pouvait s'inscrire dans le principe de ces primaires le dimanche matin et le rejeter le dimanche soir.


D'autres ont allègrement franchi le pas, comme Gérard Collomb, le maire de Lyon et de nombreux cadres de la Fédération du Rhône, y compris le premier fédéral chargé théoriquement de l'organisation de ces primaires. L'exemple de Lyon est le plus connu mais la presse cite déjà des noms de figures du PS qui préparent leur reconversion au bougisme macroniste.


Je suis choqué par l'attitude des macronlistes, ces politiciens qui ont pu faire leur trou grâce à l'appareil militant et aux sympathisants socialistes et qui quand le ciel s'assombrit renient leur propre parti pour tenter de sauver les meubles auprès d'Emmanuel Macron, un candidat ni de droite, ni de gauche et sans programme.


Cette négation du vote populaire et du soutien passé et présent du parti est scandaleuse car elle nourrit encore une fois l'idée que les élus ne tiendraient leur légitimité que d'eux-même et pas d'un collectif militant ou citoyen.


Le macronliste est sans nul doute un des pires vestiges d'une pratique politique obsolète.