Comme je l'annonçait dans mon précédent post, c'est avec un plaisir non dissimulé que la droite sénatoriale majoritaire s'empare de la loi dite Travail pour l'assaisonner à la sauce ultralibérale parachevant le travail de sape du pacte social initié par les têtes pensantes du ministère du travail.
Et les sénateurs vont s'y donner à fond avec déjà au menu la suppression des 35 heures ou encore du compte pénibilité. Les sénateurs de droite n'ont bien sûr aucune illusion sur l'issue de propositions mais entendent bien se servir de leur position de force pour affaiblir un peu plus le gouvernement de Manuel Valls et de facto François Hollande.
Pour sa part, le gouvernement compte sur la potion amère pondue par le Sénat pour faire passer en seconde lecture son texte. Sauf qu'un texte dont certains articles sont fondamentalement et viscéralement inacceptables pour une grande majorité de la Gauche et des syndicats y compris dits réformistes a peu de chance d'être acceptée.
En mai, les spin-doctors de l'exécutif avaient aussi prévus un rapide essoufflement de la mobilisation qui même si elle a bien faibli est toujours présente. Les rodomontades et exhortations de Manuel Valls sont restées vaines et sans effet. Comment celui qui n'a su convaincre le cercle restreint de ses propres députés socialistes pourrait faire plier la rue ?
Ce second round parlementaire risque bien au contraire de remobiliser les adversaires à la loi et pas seulement sur l'article 2, principal point de tension mis en avant, mais aussi mettre en relief certains reculs manifestes contenus dans la loi comme par exemple le rôle de la médecine du travail. Les avancées annoncées sont souvent creuses comme le compte de pénibilité mesure qui est pour l'instant sans substance pèsent finalement peu au regard des reculs actés par la loi. Paradoxalement, ce sera la première (et peut-être seule) fois où le texte sera soumis à un vote démocratique.
Certes la commission paritaire va sans doute contribuer à aplanir certaines aspérités sauf si la droite sénatoriale s'accroche à sa volonté de nuisance et décide d'entamer un bras de fer. C'est sûrement un texte bien difficile à avaler qui devrait donc revenir à l'Assemblée Nationale en seconde lecture.
Sauf si le gouvernement décide de mettre de l'eau dans son vin et entendre une partie des revendications syndicales, on s'achemine donc vers une nouvelle épreuve de force au parlement avec la forte probabilité de l'usage du 49 ter. Ce qui revient à revenir pour le gouvernement mais aussi pour François Hollande qui s'est largement impliqué dans la loi à la case départ et a encore un peu plus creuser la fossé entre la gouvernance socialiste et sa base électorale.
Un échec qui se paiera sans doute en 2017, une échéance à laquelle on ne pourra opposer cette fois-ci l'outil du 49.3.